Notes de travail


Courant novembre 2009


— Chercher une intensité pour la figure. Pas n’importe quelle intensité ; une intensité picturale pour une figure peinte, pas une figure tout court.

La table du peintre et son modèle : retoucher son épaule droite.

— Titres possibles pour les deux derniers tableaux : Les 3 figures et 2 vues de près

La prisonnière des bambous, Le printemps des bambous ou simplement Printemps.

— Nous voyons des personnages dans une fiction dont le décor a été peint en blanc (remplacé par de la peinture blanche).
Peut-on voir la peinture blanche comme un décor ? Non.
Peut-on reconstituer la fiction ? Non.
Peut-on imaginer une fiction ? Oui.
Peut-on considérer ces tableaux comme un générique (une suite de personnages les uns à côté des autres) ? Peut-être.
Un générique est-il une liste ? Oui.

— Cher Al.,
Très intrigué par ce triptyque que je vois sur ton site avec le tube
de peinture...
Comment vas-tu?
Amitiés à Maya
Bien à toi,
jf (Jean-François)

Cher J.-F.,
oui, ce tableau s'appelle Le tube de rouge avec, et, en sous-titre depuis hier journal intime.
Tu dis triptyque, ce n’est peut-être pas faux mais c’est sans compter cet espace vide (blank) qui met à distance les 2 images à droite.
Ces tableaux de la série Anecdotes qui risque bientôt de s’appeler peintures anecdotiques encourage le spectateur de s’impliquer dans un sens possible (un d’après-lui) du tableau-récit.
Simplement, pour moi, de poser quelques éléments peints ou pas à distance les uns des autres pour déclencher chez celui qui regarde, une implication, un état de création. C’est bien sûr toujours comme ça que cela se passe avec l’art mais, ici, ce mouvement est posé comme sujet.
J’ai été ravi de te lire et d’écrire ces quelques mots. Depuis ton exode parisien, ici à Bx, tu me manques.
Affectueusement, Al.

— Préparer le dossier pour l’imprimerie.

— Dans la peinture, quand on veut préciser le dessin d’une « figure » on le fait par touches successives de l’intérieur de la figure et de l’extérieur, alternativement, dehors / dedans jusqu’à ce que cette limite, ce dessin soit satisfaisant. (Je veux dire que la peinture n’est pas affaire de coloriage où il serait préalablement décidé d’un contour des « choses » et qu’elle n’aurait qu’à le respecter.)
Dans mon travail, comme la figure est une photographie imprimée, la peinture du fond qui la décrit ne peut se faire que de l’extérieur. La question est posée : comment et où la peinture touche-t-elle la photo ? La touche-t-elle ?
la rivière est la rivière les poissons les poissons
jamais ils ne se rencontrent
une fine pellicule gluante
les sépare recouvre les écailles
ou mon visage au petit déjeuner

Emmanuel Hocquard ou Juliette Valéry in L’année du goujon, À Passage / Le Coupable

— Quant au tube de rouge, je le trouve très anecdotique mais réjouissant. Anecdotique dans le sens ou ce mot pourrait être le titre du récit.
Une bouche n’est pas un visage — un tube de peinture à l’huile n’est pas une bite — ce n’est pas du sang, c’est du rouge — une petite culotte n’est pas le cratère d’un volcan — mais un journal — le journal intime.

Le tube de rouge (le journal intime)

— Faire des photos de détail, aussi.

— Faire des tableaux avec des détails de tableaux comme sujet. Détails de peinture, détails de photographies… de choses déjà faites. Penser à Malcolm Morley — En 1999, Morley a déclaré qu’il allait repeindre toute sa peinture. — et à La couleur de l’herbe (polyptyque qui met en jeu un "contact 6x6 peint il y a plusieurs années).

— Pour voir la peinture de plus près.

— Voir de loin, voir de près.

— Le récit en peinture met en jeu des éléments plastiques, pas des mots. Si on a envie d’en parler, il faut traduire.

Printemps : dans la peinture de gauche : élargir la zone blanche autour de la figure, éclaircir l’espace entre les 2 pieds, retoucher le bas du cul.
Poncer et huiler l’espace entre.
Peinture de droite : retoucher son épaule droite.

— Préparer le dossier de mise à jour du site.
Faire les fiches pour les derniers tableaux.
Préparer le nouveau dossier pour l’imprimeur.
Faire des photos de repros, détails et autres.

— Regardé avec Emmanuel le petit texte de préface à la rubrique PEINTURES (Détails) de mon site Internet :

L’ordinateur n’est certainement pas le média le plus approprié pour montrer et voir la peinture. Mais il permet d’aller chercher certains détails. Il y a au moins deux types de détails : le détail qui révèle des choses un peu cachées qu’on ne voit pas au premier regard et le détail qui montre de plus près la peinture pour mettre en évidence quelque chose qui ne se voit pas forcément : la peinture.
Daniel Arasse raconte dans son livre Le détail (pour une histoire rapprochée de la peinture) « qu’à l’occasion de la restauration de l’Annonciation de Antonello de Messine, on a pu voir que le peintre a peint 2 colombes — l’une a le bec blanc et l’autre rouge pour représenter l’Esprit Saint. Ce détail n’est visible que de près et il ne pouvait donc pas concerner le message public d’un panneau destiné au maître-autel de l’église de l’Annonciata du bourg de Palazzolo Acreide. […] Or, une fois qu’on a vu cette double colombe, on ne peut plus ne pas la voir… »
Voit-on de la même manière de loin après avoir vu de près ?
« Quand je vois, chez un peintre, la passion qu’il a ressentie à peindre, il me fait jouir de sa propre jouissance. » La jouissance dont parle Renoir ne se trouve pas dans la maîtrise d’une belle composition (voir de loin) mais bien dans les touches de peinture (voir de près).
Les détails qui suivent n’ont pas été obtenus par simple agrandissement d’une partie de la peinture. Ils ont été rephotographiés au téléobjectif de façon à faire voir la texture et la matière picturales.

— Ces détails ont confirmé voire amplifié l’idée selon laquelle le support de contreplaqué n’est pas un support dans le sens où l’impression numérique et la peinture seraient faites sur. J’écrivais : « impression numérique colorisée et peinture à l’huile sur contreplaqué ». Je vois aujourd’hui que le contreplaqué fait visuellement partie de la peinture par de larges plages où il apparaît brut et que, lorsqu’il reçoit l’impression numérique et la peinture à l’huile — à cause de la nature de sa surface et de sa préparation — il qualifie la texture et la matière picturales. J’écris maintenant : « impression numérique colorisée, peinture à l’huile et contreplaqué ».
Il fallait, alors, trouver un support à ces éléments du récit. Le mur.

— Le titre générique de la série des derniers tableaux — après avoir été L’impression d’un récit, s’est appelé Anecdotes, puis Peintures anecdotiques — s’appelle maintenant LE MUR & SON RÉCIT polyptyques suivi d’un numéro ou d’un titre pour chaque tableau.

Deux vues de près : renforcer le blanc dans les zones éloignées de la figure de droite.
Revoir le titre.

— Elise et l’hydrangea : un récit d’écran et de lumière.

— J’aimerais faire une exposition de peintures anciennes et modernes sans leurs cadres. La peinture nue. ( Pour les contemporaines, ne pas avoir de cadres, c’est dans leur nature.)

— Lundi, chercher chez l’imprimeur mes 7 nouveaux panneaux et, chez mon gardien de matériel de jardinerie, les 2 chaînes de tronçonneuse que je lui ai demandé d’affûter.

— Cet après-midi, je reçois Catherine Pomparat dans mon atelier. Elle vient voir les dernières peintures avec l’intention d’écrire une suite de sa chronique Petite philocalie de l’art. Je donnerai plus loin l’adresse Internet où trouver cette chronique.

— Découverte de deux notions : La sérendipité et l’happenstance.
La sérendipité désigne des « découvertes inattendues ». Vous cherchez quelque chose de précis et vous trouvez autre chose que vous ne cherchiez pas.
L’appenstance désigne « être là au bon moment ». — Par exemple, Ambroise Paré, médecin de guerre des troupes françaises au XVIe siècle, s’aperçoit durant le siège de Turin que les blessés par coups de feu se rétablissent mieux lorsqu’on ne verse pas sur la plaie de l’huile de sureau ébouillantée. Or cette pratique était celle qui était préconisée jusqu’alors. Et cette découverte, il l’a faite précisément parce qu’il était à court d’huile de sureau —
Ces 2 notions proches l’une de l’autre qualifient bien mon-rapport-au-monde ; la relation que j’ai avec mon travail et ce que j’attends de lui.

— Essayer de comprendre quelque chose à ce contour net d’une figure floue. (Voir aussi les tableaux de Bernhard Martin in catalogue SOFTCORE, Verlag für moderne Kunst Nürnberg, 2001)

— Chercher dans mes cartons de contacts une page entière (12 contacts) et la scanner.

— Faire des re-productions plus grandes que leurs référents.
Les 3 premières propositions sont arrivées de chez l’imprimeur (3x(66,5 x 100 cm)). Les épreuves sont belles comme ça… alors que faire ? J’attendais de les voir avant de me décider… maintenant que décider ?

— Il fait nuit dehors, c’est le soir, l’atelier est très éclairé. Par une des fenêtres, je vois un morceau de ciel d’un bleu intense, presque noir. Le rideau éclairé à l’intérieur est clair par contraste. Il est flou quand je fixe le bleu profond.
C’est ce bleu-là, dans sa relation avec le rideau, que je peins en blanc dans mes tableaux. C’est cette intensité que je cherche.

— J’ai reçu le texte de Catherine P. Je le trouve très beau.
http://remue.net/spip.php?article3459
Un texte critique (pas exactement critique-critique) qui se cache derrière une fiction. Un regard gourmand pour la peinture et intelligent pour sa relation avec la photo.

— Trouver dans mes dossiers les 3 photos du polyptyque Caryatide XIII.

— Retoucher le coin gauche de la table, et, dans un autre tableau, l’angle du pouce de la main droite d’El. et son poignet droite.

— Préparer les photos pour le tableaux des cochons.

— Une petite peinture de 53 x 51,5 cm représentent Elise sur la table de l’atelier, vue du haut de ma mezzanine ; elle est couchée sur le dos, les jambes repliées, les mains près du pubis et la tête renversée en dehors de la table, au premier plan. Nous voyons la double figure d’El. et de la table dans le cadre du tableau. Ou la figure d’El. dans le double cadre de la table et du tableau.
2 autres petits tableaux, de mêmes dimensions, proches par le sujet : Elise nue sur la même table. Je n’en suis pas content ; vue de plus près : le corps est coupé et la table prend plus de place dans le tableau.
Peut-être disparaîtront-ils à la poubelle ou seront-ils des éléments vifs d’un récit qui n’existe pas encore ?

— J’ai préparé pour l’imprimeur 3 séries de panneaux de formats différents pour 3 séries d’images :
1) un polyptyque (7 panneaux de 76,3 x 76,3 cm.) pour un récit qui aura plus de 7 m de long ; il sera réalisé, par commodité, en 3 parties : 2 d’environ 3 m et la dernière, de plus d’1 m. Ce long polyptyque développera les thèmes du rêve et du réveil.
2) un polyptyque de 103 x 320 cm qui mettra en scène 3 images autour du thème des caryatides.
3) 6 tableaux de 66 x 100 cm qui seront des détails largement agrandis de tableaux qui appartiennent presque tous à la série de la vénus des habitudes.

— Pour coloriser les photos imprimées sur les panneaux de contreplaqué, je fais une préparation d’huile de lin dans lequel je dissous un peu de peinture de la couleur choisie. J’étale cette mixture sur l’image et, à l’aide d’un tampon de papier doux, je la repartis en épongeant le surplus.
Les détails que je veux épargner et qui ont été touchés par la préparation sont « nettoyés » à la térébenthine.

— « Tous ces jeunes gens de cette école d’Ingres ont quelque chose de pédant. Il semble qu’il y ait déjà un très grand mérite de leur part à s’être rangé du parti de la peinture sérieuse : c’est un des mots du parti. »
(Eugène Delacroix in JOURNAL, tome 1, José Corti, p346)

— Bouliac, le 7 décembre 2009
mon cher Emmanuel, comment vas-tu bien comme directeur des postes de la République Indépendante de Mérillheu ? Tu as dû entendre que très bientôt on pourra (peut-être le peut-on déjà) personnaliser nos timbres postes. L’amoureux pourra mettre un cœur, le comptable, une calculette, le peintre, un pinceau, le pornographe, une paire de couilles, etc. C’est un grand progrès. Il y aura un-bureau-pour-la-vérification-des-timbres qui agréera tout ça et qui fera un peu de censure au passage ou ce seront les facteurs ou les facteuses assermentés-et-formés-pour qui jetteront la correspondance à l’égout s’ils trouvent à redire quant au timbre. Ce grand projet libéral pour faire concurrence à la concurrence de l’e-courrier.
Je crois que tu es bien placé pour faire les meilleures propositions. Je te conseille, toute fois, de mettre des petites culottes à tes copines ; il y en a de très jolies (des culottes). Ou alors, mettre la colle sur l’image ; lécher l’image et la coller. Lécher/coller. Ton destinataire n’aura qu’à tremper l’enveloppe dans un peu d’eau tiède pour décoller le timbre et le laisser sécher. Éventuellement, le recoller à l’endroit sur l’enveloppe.

— J’ai commencé la réalisation du grand récit « rêve & réveil » (titre provisoire). La première partie (76,3 x 271,5 cm) est montée sur châssis et colorisée. La troisième (76,3 x 99 cm), aussi. Quant à la deuxième, je me suis trompé sur l’une des 3 images, dans mon envoi à l’imprimeur ; il faudra que j’attende début janvier pour faire imprimer la bonne image. Il s’agit de la sixième du polyptyque ; celle qui représente quatre cochons + un

— Lorsque je concevais ce polyptyque (rêve & réveil) au mois d’août, j’écrivais à Emmanuel :
« J’ai repris le montage des 2 derniers récits pour n’en faire qu’un seul : celui que je t’envoie, une petite histoire de rêve (où elle a envie de se faire baiser) et de rêve (elle a fait un rêve où elle s’est fait baiser)… et, j’paye pas, il doit bien y avoir aussi un peu le rêve désir du peintre.
Aïe aïe…
J’ai fait bien attention de brouiller un peu (un petit peu seulement) les pistes narratives… la semaine prochaine, peut-être, je redéferai tout ça.»
La semaine suivante :
« … avec l’idée que dans ce dernier récit il y a peut-être encore quelque chose à reprendre dans le groupe des cochons flous : ce serait d’effacer le petit cochon que j’ai incrusté en bas, au centre. Ainsi apparaîtrait la volonté de collage dans la seconde image (ou d’effacement dans la première lors d’une deuxième lecture) — ce groupe de cochons de la seconde image est, du point de vue de la perspective, cohérent si c’est un petit cochon qui se trouve au premier plan. On ne voit pas l’air de famille qu’il partage avec le gros cochon de droite (c’est la même bête dans une autre photo) parce qu’on peut dire que tous les cochons se ressemblent. —
Maintenant chaque image ne comporterait qu’une manipulation. La 1e, le flou (on comprend que d’une photo nette on peut en faire une floue, pas le contraire) et la seconde, l’incrustation du petit cochon.
Je pense que cette histoire de cochon est le nœud du récit ; en plus il fait bien apparaître les 2 groupes de 3 photos + la dernière. On doit s’appuyer sur ce nœud pour trouver un sens au récit. »
Quelques jours plus tard, je reprends ma correspondance :
« J’ai repris la fin du récit : Alvina posant dans la même position que la fille dans la peinture d’Ingres, la baigneuse (elle est au Musée Bonnat à Bayonne et elle porte le n° 105 dans ma collection de cartes postales). Alvina, dans cette pose, semble avoir un frisson de froid ou d’une petite peur ou simplement un peu de pudeur ou les trois sentiments ensemble. Je l’ai légèrement floutée ; elle regarde la scène un peu à distance, en arrière. Cette image est conclusive ; je crois que c’est bien comme ça. Elle peut relancer le récit dans l’autre sens, de droite à gauche. Un peu comme une parenthèse fermée. Elle met le récit en boucle.
La seule des 7 images qui exprime un sentiment et qui est une citation.
C’est marrant, dans ma dernière lettre, déjà, j’évoquais Ingres.
Je t’envoie les 3 autres propositions pour cette dernière image que j’ai assez vite rejetées. Pour 2 d’entre elles, je cherchais un cul qui sortirait du récit en lui tournant le dos ; dans la troisième j’essaye de la rhabiller… mais aucune ne me plaît mieux que le « Ingres ».

— J’ai fait un châssis pour un tableau qui n’est, comme les 3 autres, que l’agrandissement du détail d’une peinture. (66 x 100 cm.) Il y a quelque chose qui ne me plaît pas dans cette histoire.

— Faire une petite maquette papier d’un accrochage/installation pour les peintures « détails ». Si le projet était satisfaisant, elles seraient alors à comprendre comme un ensemble.
Peut-être comme une vaine tentative de reconstituer un tableau ?

— J’ai commencé la peinture du premier volet du grand polyptyque. Je suis très excité.

— La petite maquette (voir 2 notes plus haut) ne donne rien d’intéressant. Cela ne m’étonne pas. Il ne faut pas rêver. Je vais sortir marcher autour du bloc, dans le vent que je n’aime pas.

— Redresser le côté vertical droit de la boîte américaine du tableau les 3 figures.

— Accrocher 2 tableaux sur le mur sud de l’atelier.

— Stocker les 9 tableaux du début de la série LE MUR & SON RÉCIT polyptyques et déplacer le coin radio.

— Corriger les niveaux d’accrochage du mur est.

— J’ai continué le grand tableau, je suis toujours excité.

— 31 décembre.


Janvier 2010


— J’ai travaillé, ce matin, à la 3e séquence du grand polyptyque. Je trouve que le dessin est très beau ; la façon dont la peinture touche presque la figure. La seconde couche de peinture, pour l’instant, ne couvre pas l’ensemble du fond. J’ai ce même « effet » dans la figure de gauche de printemps. Je ne sais pas si je vais le garder comme ça. Lorsque la 2e séquence sera faîte, je pourrai prendre la décision.

— Cher E.,
je t’envoie mes notes de travail de l’année 2009 ; une espèce de pratique presque quotidienne d’« écriture » depuis le début du mois de novembre. Le soir, il m’arrive de boire un ou deux derniers scotch, à l’atelier devant mon travail de la journée, et de prendre des notes au crayon sur un bout de papier pour savoir comment et par où je pourrais reprendre mon travail le lendemain. J’ai l’impression, dans ce moment là, d’avoir un regard aiguisé et une bonne sensibilité voire un peu d’imagination. Début novembre, j’ai retrouvé une dizaine de ces billets, ce qui m’a donné envie de les voir en typographie. Ça m’a un peu plu. Pour étoffer tout ça, j’y ai mêlé des notes que je t’avais écrites. Et d’autres choses.
Ce qui me paraît intéressant, c’est qu’il n’y a pas de posture intellectuelle, que cette liste de notes et de réflexions basiques n’a d’intérêt que dans une longueur, dans un ton, et qu’il faut continuer pour voir. J’ai continué et je m’y suis attaché. Il faut dire que les journées sont longues et, pour ne les remplir qu’avec de la peinture, il faudrait que le peuple suive.
Je ne pensais pas devoir m’encombrer du matos du diariste : la date du jour qui fait la preuve de la régularité de la tâche, etc. Je ne voulais pas non plus compter ces notes 1), 2), 3),… comme dans les remarques sur personnages et figures.
Je ne te les envoie pas pour te demander d’en redresser les tords ; ça, on pourra le faire ensemble si on en a envie, un jour. C’est vrai que j’apprécie beaucoup la manière que tu as d’entrer dans mes gribouillages.
Aujourd’hui, dimanche, je vais retourner à mon grand polyptyque et finir la 1e séquence.
Je bois un verre d’un très bon vin blanc bordelais qui s’appelle les fumées blanches en attendant que la batterie de mon appareil de photos soit rechargée pour pouvoir faire une photo de l’atelier que je t’enverrai.

— Faire le parallèle entre la musique électro-acoustique et mon travail fait d’images numériques et de peinture à l’huile.

— Je galère avec les panneaux que je confie à l’imprimeur pour impression et qui ne sont pas assez plats pour passer dans sa nouvelle machine. L’ancienne machine faisait le vide d’air sous les panneaux ce qui les plaquait à la « table ». Je n’arrive pas encore à trouver un système pratique et fiable qui n’augmenterait pas l’épaisseur du contreplaqué. J’ai essayé de les peindre des 2 côtés pour équilibrer les tensions. Sans résultat. J’ai essayé de les mettre sous presse plusieurs jours durant. Sans résultat. Aujourd’hui, je les ai collés l’un à l’autre, dos à dos, avec du double scotch à moquette. Imprimer les deux côtés ; je les désolidariserai après impression. On verra.

— Retoucher le coin gauche au fond de la table floue de la table & le tableau.

— Dans le grand polyptyque, reprendre les espaces « vides » de la 2e séquence et les remplacer par 4 petits espaces identiques de 8 à 10 cm, avant, entre et après les images.

— Faire un projet avec 2 images identiques.

— Commencer un polyptyque par un espace « vide » c’est entrer dans le récit sans effraction, le temps de s’éclaircir les yeux ; le finir sans espace, c’est proposer qu’il ne finisse pas.

— Dans une des premières notes de 2009, pour parler de cet espace de contreplaqué qui précède, s’insère entre ou suit les images, je l’ai nommé l’espace vide (blank). Dans les notes qui précèdent, je le nomme espace « vide ». Aucune de ces 2 propositions ne me convient. Cet espace, je pourrais l’appeler une espace ; ce mot espace au féminin signifie l’espace blanc qui sépare les mots mais avec l’article défini l’, ça ne va plus. L’espace (n.f.) ; personne n’y comprendrait rien, tout le monde n’est pas typographe. Alors ? le blanc ou le blank. Jusque-là, c’est la meilleure proposition même si (ou parce qu’) elle entretient une ambiguïté avec mes plages de peinture blanche à côté-autour des figures.

— Coloriser les deux panneaux de la 2e séquence en attendant de recevoir le 3e qui est chez l’imprimeur.

— J’ai corrigé l’angle de la table floue de la table & le tableau.

— Je suis allé chercher mes 2 panneaux chez l’imprimeur et me suis rendu compte que cette fois, c’est lui qui s’est trompé de fichier (sur l’image des cochons). J’en peux plus, ce grand polyptyque ne sera jamais fini. Le polyptyque Caryatide XIII, lui, me semble bien imaginé.

— J’ai fait le châssis de Caryatide XIII puis mis une couche de blanc sur les images 1 et 3 ; j’ai colorisé la centrale.

— Ce polyptyque ne contient pas de blanc. Ici, on n’est moins directement dans un récit que dans l’essai d’une définition du concept de caryatide.

— Travaillé à caryatide XIII.

— 3 nouveaux projets de polyptyques ; il faut les éprouver dans les jours qui viennent ; certainement changer encore des choses.

— Des 3 nouveaux projets, un seul semble tenir la route, les 2 autres n’en sont devenus plus qu’un seul et qui est loin d’être satisfaisant.

— J’ai passé 4 jours à Paris ; j’ai visité une trentaine de galerie et, en dehors de mes amis Philippe Fangeaux et Guillaume Poulain qui exposaient chez Marion Meyer, je n’ai vu qu’un artiste intéressant: Marcin Maciejowski, un peintre polonais, chez Ropac . L’installation de Boltansky au Grand Palais était décevante, les peintures de Soulage à Beaubourg, sans intérêt, etc.
De retour à l’atelier, durant quelques secondes, j’ai essayé de regarder mes peintures comme si ce n’était pas moi qui les avais faites. Les aurais-je trouvées belles dans une galerie parisienne, par exemple ?

— Il faut que je scanne le portrait de Raphaël par Raphaël lui-même à l’âge de 12 ans. Je l’ai trouvé reproduit dans un Libé il y a quelques années et je l’ai toujours conservé, piqué au mur de l’atelier. Depuis le temps, le papier journal a beaucoup « jauni ». Essayer d’en faire quelque chose.

— Après le Raphaël, j’ai reproduit un petit dessin de Maya (2 oiseaux qui baisent) que j’avais installé avec quelques épingles sur le mur nord de la mezzanine à côté d’une petite photo de Sabine nue, à genoux, le cul en l’air, que j’ai scannée puis, dans la foulée, deux portraits accrochés : un autoportrait fait il y a une trentaine d’années et un portrait peint sur un morceaux de papier par Alexandre Lefaix, un artiste dont j’aime beaucoup le travail. En fait, j’ai scanné toutes les œuvres accrochées sur les bouts de murs de mon bureau-mezzanine, entre les bibliothèques. J’ai fait, avec tout ça, le projet d’un polyptyque.

— Ce dernier projet m’excite :
LE MUR & SON RÉCIT polyptyque le mur de la mezzanine — trois portraits — une petite exposition — accrochage — sur le mur de mon bureau-mezzanine — ou simplement la redondance : le mur & son récit.

— J’ai commencé à photographier individuellement toutes les séquences de mes polyptyques pour essayer d’en faire-un-grand-récit-dans-un-livre.
Pour photographier, il faut attendre un jour avec du soleil. L’hiver, c’est la meilleure saison, entre 11h et 14h,. Le soleil est devant ma baie vitrée et traverse sud-nord l’atelier ; tamisé par mes rideaux blanc, et grâce à la réverbération de la lumière sur le mur nord, j’ai le mur est assez régulièrement éclairé. suspendre chaque tableau et déplacer l’appareil de photo.
Cela reste pour moi des repros assez approximatives, la moitié inférieure est légèrement plus sombre à cause de la présence des tables que je ne peux pas dégager mais, par défaut, ça va ; j’ai encore des progrès à faire avec photoshop, même si je ne cherche pas à tout maîtriser comme un super graphiste professionnel.

— Il me reste à photographier les 9 premiers polyptyques, numérotés de 1 à 9, tous faits à partir d’anciennes photographies en noir et blanc qui, pour certaines d’entre elles sont colorisées.

— Il faut que je retrouve toutes les images qui m’ont amené, après beaucoup d’hésitations, à établir chaque polyptyque.

— Photographié les séquences des 9 premiers polyptyques sur le mur est de l’atelier. Certaines photos sont presque bonnes d’autres, franchement mauvaises. Je ne sais pas pourquoi elles sont si irrégulières. Les blancs ne sont pas de la même couleur : certains sont roses, d’autres bleus, etc. La lumière ne peut pourtant pas changer à ce point quand il fait un ciel sans nuage. J’affiche une certaine sensibilité (entre 100 et 400) et le reste, vitesse et focale se fait automatiquement. Demain, je vais revoir le manuel d’utilisation pour voir si je peux verrouiller la focale. Quand il y a beaucoup de lumière, régler la sensibilité à 150 ou 200 et la focale à 5,6, par exemple, et laisser l’appareil décider de la vitesse. Pour les repros, mettre l’appareil sur pied.

— Je pense que mes tableaux sont difficiles à reproduire. Les blancs ont des nuances délicates et sont souvent en grand contraste avec la figure.

— Faire le projet d’un livre sans texte me paraît une histoire difficile à tenir. Que veulent dire les images sans même une légende ? Si moi, je peux m’y retrouver, comment les lecteurs pourront-ils le faire ? Je dis lecteurs mais je devrais dire spectateurs. Spectateurs d’un livre. C’est bizarre. Mais c’est excitant.

— J’ai trouvé le moyen pour verrouiller la focale. J’ai fait un petit essai ; c’est peut-être la fin de mes soucis.

— Je pense que je vais arrêter le format du livre à 210 x 275 mm, comme tous les catalogues que j’ai faits jusque là. À l’italienne comme le dernier, (récits).

— Pour la maquette du livre, j’imagine, pour l’instant, deux récits parallèles. Le premier avec les repros des séquences des polyptiques. Ces repros auraient 100 mm de hauteur et la ligne serait horizontale, placée assez haut dans la page pour ménager assez d’espace pour une seconde ligne, ondulante, celle-ci, et constituée de petites repros, liées aux grandes (esquisses, détails etc.), d’une trentaine de mm de haut. Elle serait un espace de « notes », de commentaires ; métaphoriquement, un contrechant.

— Cartouches d’encre TO 543, TO 547, TO 541 (emballage à la grenouille)
papier photo couché mat, recto/verso, 135 gr/m2, 190 feuilles.
papier collant invisible, 2 rouleaux
bombe de colle repositionnable
4 crayons BIC 0,7mm jetables
une rame de 500 feuilles 80 gr/m2

— J’ai relu Un test de solitude d’Emmanuel et de Viviane. 12 ans déjà.

— Laisser sécher la peinture sur les cartes postales, les scanner puis les ajouter à la liste des titres et des auteurs ; coller les étiquettes.

— Remplacer le portrait d’Elise.

— Voir les détails, en petit, sous les plus grandes repros des séquences d’où ils sont issus, ce n’est pas satisfaisant. On n’y voit rien. Les agrandir, ça n’a pas de sens, ici.

— La prose (la ligne), la poésie (le vers) : c’est une histoire de cadrage.

— Scanner les poules et le colle-mouches de Mérilheu pour les joindre aux pages de Freud.

— Photographier les tubes de peinture à l’huile.

— Téléphoner à Format numérique pour savoir si les panneaux sont imprimés. Si c’est le cas, j’espère qu’il n’y a pas eu de problème au sujet de leur platitude et que tous ont pu être imprimés.

— Tout a pu être imprimé. Le panneau de droite du polyptyque où Géraldine est floue, debout, de dos, les mains croisées sous ses fesses, a été imprimée sur un mauvais support ; la couche de préparation n’était pas poncée. Ça ne change pas grand’ chose au rendu de la photo mais je ne sais pas comment va réagir cette surface à la colorisation.

— La deuxième séquence (panneaux 4, 5 et 6) de Freud est montée sur châssis. Reste à coloriser la 6 (le panneaux que j’appelle un pubis de cochons roses) puis peindre les 3.

— Je pense que c’est dans la relation verticale entre les 2 lignes « narratives » que va se jouer le livre. Pour l’instant, il y a quelques situations intéressantes ; bien d’autres négativement anecdotiques.

— J’ai travaillé toute la journée sur la deuxième séquence de Freud.

— Dans le livre, il faut que j’élimine tout ce qui peut être pris pour des portraits. Je ne cherche pas une histoire qui mettrait en scène des femmes particulières. Elles ne sont pas des actrices. Elles ne jouent aucun rôle. Dans leur nudité, elles sont pareilles même si je les reconnais sur n’importe quelles photographies que j’ai prises d’elles.

— J’ai commencé le tableau Maylis et Géraldine (titre provisoire). Ce sera un beau tableau.

— Tout c’est bien passé pour la coloration du panneau Géraldine. Pour que la surface non poncée, râpeuse, ne prenne trop de couleur, j’en avais écrasé soigneusement les fibres avec le dos d’une cuillère en mettant une feuille de papier entre la cuillère et le contreplaqué imprimé.

— Après Sonny Boy Williamson, Robert Belfour et T-Model Ford, maintenant, Thelonious Monk avec John Coltrane.

— La nuit tombe lentement. L’atelier est sombre. Je vois encore bien les tableaux. Mieux qu’en pleine lumière.

— Dans le premier panneau de Maylis et Géraldine, le portrait jaune de Maylis est trop psychologique. Remplacer le jaune par une couleur moins éclatante, peut-être plus foncée. Si ce n’est toujours pas satisfaisant, il me restera toujours, en dernier ressort, de le recouvrir de blanc.

— Je vais me chercher un autre scotch et allumer la lumière.

— Me serait-il possible de coloriser le portrait de Maylis avec une couleur plus claire que ce jaune citron transparent ?

— Depuis l’atelier, nous voyons le dos de la bibliothèque qui borde la mezzanine et, dedans, la lignée des cartons noirs qui contiennent la collection des Artpress. Enlever les étiquettes blanches sur leur dos. Elles m’énervent.

— Emmanuel a passé la semaine à la maison ; réflexions, projets, picole, photographies, photoshop, promenades, soirée avec Fred Léal… semaine douce, douce semaine.

— Dans la deuxième séquence de Freud j’hésite à garder le fond blanc du troisième panneau à l’état d’esquisse.

— Faire les châssis des 2 séquences de l’escalier dans l’atelier un nouveau grand polyptyques.

— Préparer l’impression de le mur et son récit.

— Densifier le fond du « pubis de cochons roses » en gardant la vivacité de la touche.

— Le soir, les rideaux de l’atelier ouverts, à l’heure où le soleil disparaît derrière l’horizon, le blanc encore frais du dernier tableau posé sur la grande table, devient presque fluorescent pour quelques instants. Par contraste, la figure s’assombrit.

— J’ai pris la décision de supprimer le petit portrait de Maylis sur le premier panneau de Maylis & Géraldine. (103 x 206 cm.)

— Les 3 séquences de Freud mesurent respectivement : 78 x 273 cm, 78 x 262cm et 78 x 101 cm. L’ensemble : 78 x 636 cm.

— Fait le châssis de la première séquence de l’escalier de l’atelier.

— La lumière descendante, le soir, est la plus belle pour voir les tableaux dans l’atelier. L’atelier n’est pas orienté pour la lumière de l’aube, montante et dure. Reste à voir. Le matin, je ne suis pas contemplatif ; aucune propension à la contemplation. Il faudrait que je rentre chez moi, à l’aube, fatigué et que je passe par l’atelier avant d’aller me coucher. Peut-être existe-t-il des matins qui sont des soirs.

— Colorisé les 3 panneaux de la première séquence de l’escalier de l’atelier.

— Assemblé les panneaux de la seconde séquence de l’escalier de l’atelier.

— Acheter de l’enduit de rebouchage, de la colle à bois et des tasseaux pour les boîtes américaines.

— Faire un polyptyque avec deux images pareilles. Et un autre avec plusieurs modèles prenant la même pose. Chercher les images.

— « Le silence est l’espace négatif qui définit le son. » Christian Marclay. Et si j’appelais mes « blancs » des « silences » ? Ces « blancs » sont bien des espaces négatifs qui définissent les récits.

— Ce mot « silence » est trop métaphorique. Mais il est bien un espace négatif dans la définition de Christian Marclay ; disons donc espace négatif.

— Mettre à jour les figures peintes dans le site sous 2010.

— Revoir le titre du polyptyque Maylis & Géraldine ; les 2 prénoms renvoient à elles, à leur identité, à quelque chose qui pourrait se passer entre elles. Alors qu’il n’y a rien de tel, dans ce récit. Ce titre est une fausse entrée. Pour l’instant, je pense à figures & figure.

— J’ai travaillé toute la journée à l’escalier de l’atelier. Supprimer les tables est une très bonne décision tout comme supprimer le portrait de Maylis dans figures & figure.

— Il faut contempler la peinture : faire monter le percept au-dessus du concept.

— La difficulté que je rencontre à trouver une bonne tonalité pour le « fond » du dernier panneau de la seconde séquence de l’escalier de l’atelier est dû au fait que la figure est largement décentrée.


Mars 2010


— Je fais de la peinture avec sérénité. Ma seule stratégie est de la faire telle que je la fais.

— 10 polyptyques sont accrochés aux murs de l’atelier. (Autant sont appuyés les uns contre le autres.) Je note la grande variété des blancs qui doit être due à la variété des figures ; .

— Enduit de rebouchage
chevilles à placo GKM-S 35
arbre pour remplacer le cytise
plans de salades
petits oignons blancs à planter
plan de rhubarbe
graines de tournesol
pain
aspirine 1000

— Métaphore : quand on marche sur un chemin escarpé ou sur le trottoir d’une ville, c’est toujours avec nos 2 jambes qu’on marche.

— Je prépare le polyptyque des images qui sont épinglées sur les murs de la mezzanine : le portrait de Raphaël, les oiseaux de Maya, Sabine à 4 pattes, un autoportrait et un portrait d’Alexandre Lefaix. Je vais essayer d’y joindre la photo de Gustave Courbet posant avec ses amis devant le Café du Centre à La Tour de Peilz (photo originale d’époque) et un dessin caricatural d’Alexandre Lefaix qui représente un cheval monté qui chie à la gueule d’un quidam et un chien.

— J’ai enlevé les étiquettes blanches sur le dos des cartons noirs qui contiennent la collection des Artpress.

— Ce week-end, j’ai planté un Cytise à la place de celui qui est tombé lors de la dernière tempête, il y a quelques jours. À côté, j’ai aussi planté un lilas et un red wood (buisson). Nous avons appris par la mairie que le propriétaire du champ de maïs était en train de vendre son champ à un promoteur qui réalisera un lotissement dès que ces parcelles seront constructibles. Pour l’instant, elles ne le sont qu’à long terme (comme notre petite forêt des chèvres). Une décision positive de la CUB est attendue dans 2 ou 3 ans au plus. Le temps que la reprise immobilière remontre le bout de son nez. Ce serait bien qu’on achète les 200 m2 du jardin potager et déplacer la haie et la clôture un peu plus loin à la limite du maïs qui ne sera, sans doute, plus cultivé. Pour cela il faut attendre de vendre la vieille bicoque.

— J’ai un peu laissé de côté le livre-catalogue. Je le reprendrai lorsqu’il y aura une exposition en vue dont il pourrait être le « catalogue ». Ces dernières décisions plastiques ou liées à son contenu seront prises en fonction du contexte dans ou pour lequel il sera fait.
Après de nombreuses discussions avec Emmanuel, j’ai commencé un autre ouvrage ; un livre d’images, un grand récit ; une espèce de « cryptorécit » ou de « cryptolivre », disait Emmanuel ; quelque chose qui aurait l’ambition de réfléchir au fait que tous les éléments constitutifs — les images, leur nature (repro, esquisses, photos bruts ou retouchées, recadrées, analogiques ou numériques, de moi ou pas, sans chronologie, trouvées dans le désordre de mon boulot, sans explication…), mais aussi, les espaces négatifs, les marges, le pli central, les-règles-de-l’art-de-faire-des-livres, la désobéissance à ces règles, — participeraient à la création du sens. Disons, pour chacun, un, son sens.
Les images se rapprochent, se touchent, s’éloignent se perdent, se retrouvent ou pas, se superposent selon ce bon concept cher à Prigogin : la transformation du boulanger.

— J’ai envie de dessiner. De faire mes polyptyques en dessin sur du papier.

— Téléphoner à format numérique pour avoir des nouvelles des impressions. Passer une commande de contreplaqués découpés chez NOFRANCE pour les prochains projets. Passer chez Leroy Merlin acheter 2 paquets de liteaux pour châssis.

— Je vais faire ma comptabilité, pour l’année, maintenant.

— J’ai monté les 2 premières séquences de Le mur & son récit. La première comprend le portrait de Raphaël entre 2 espaces négatif. La deuxième : les oiseaux de Maya et Sabine à 4 pattes séparés d’un double espace négatif. La suite n’est pas encore imprimée.

— Je viens de m’apercevoir que la figure, dans le panneau de droite de Figures & figure, n’est pas tout à fait verticale dans le sens où l’appui du talon de la jambe droite devrait être à la verticale de la raie des fesses. Ce très léger « tangage » donne à la figure un peu de vie.

— J’ai apporté 7 panneaux à mon imprimeur dont 3 pour la troisième séquence de le mur & son récit et 4 pour 2 nouveaux polyptiques qui contiendront chacun 2 panneaux. L’un de ces 2 polyptyques s’appellera sans doute la leçon de photographie ou la leçon simplement. L’autre, je ne sais pas encore.

— Il faut résister à la tyrannie de la netteté en photographie et ne faire que des photos floues.

— La deuxième séquence de le mur & son récit mesure exactement 76,3 x 251,1 cm ; pour la boîte américaine, prévoir 78,3 x 253,1 cm.

— Les fonds blancs ne doivent pas s’arrêter précisément à 15 ou 20 mm du bord des panneaux mais progressivement.

— Je vais avoir du mal, avec « mon portrait ». L’impression est un peu claire, elle manque de contraste. Et, sur le profil lui-même, je ne vois pas encore où m’arrêter avec le fond.

— J’ai posé un glacis bleu en épargnant les blancs. Quand il sera sec, je reviendrais dans les zones sombres du portrait avec un autre glacis plus chaud pour casser la dominante bleue, toujours en épargnant les blancs.

— Le portrait du jeune Raphaël par lui-même est magnifique. La peinture blanche le « découpe » comme Rodin découpait quelques fois avec des ciseaux le papier sur lequel il dessinait. La peinture et la sculpture.

— Pour « mon portrait », j’ai abandonné momentanément l’idée de le détourer. J’ai posé un glacis chaud, assez foncé, sur les zones d’ombre pour les renforcer et les grisailler. Et j’ai éclairci à la peinture blanche les zones de lumière pour les rendre plus blanches. Augmenté le contraste.

— J'ai été chercher chez mon imprimeur les 7 panneaux commandés. Je pourrai ainsi finir le grand polyptyque et en réaliser 2 nouveaux. De quoi avoir environ 3 semaines de travail. Il faut que je puisse prévoir la suite pour pouvoir la préparer (découpe des panneaux chez NOFRANCE et impression chez FORMAT NUMÉRIQUE). J'aime que ma journée soit occupée par différentes activités. Écriture, collages, assemblages des châssis, boîtes américaines, coloration, peinture, mise à jour du site internet…

— Demain matin, nous partons à l’aube, M. et moi, pour Tarbes où M. fait une expo chez OMNIBUS. Nous passerons aussi quelques jours chez Juliette et Emmanuel à Mérilheu. Je laisse l’atelier avec les châssis faits ; les derniers tableaux projetés prêts à peindre.


Avril 2010


— J’ai commencé le polyptyque où les 2 images représentent une même photo de Maylis en contact 6x6 noir/blanc. Le premier contact a été tiré sur un papier baryté et détouré grossièrement de peinture blanche ; le second, sur un mauvais papier plastique. Les 2 sont scannés et imprimés sur des panneaux de 103 x 100 cm. le premier restera comme il est et je détourerai le second. Je pourrai le nommer : répétition. Je verrai.

— J’ai commencé la leçon. Il s’annonce difficile à cause du flou des images et des 2 grands fonds.

Le mur & son récit est une liste (voir plus haut). Une liste est un récit. La liste. Ou une liste.

— Je récapitule : les dimensions précises de Le mur & son récit compris la boîte américaine : hauteur : 78,5 cm., séquence 1, 149 cm., séquence 2, 253,5 cm., séquence 3, 121 cm., et séquence 4, 261 cm. Le tout : 0,785 m. x 7, 845 m.

2 figures pareilles. Une figure verte et la même, rose. Une figure & une figure. Figure / figure. Figures.

— Description de la photographie de groupe, dernier panneau du polyptyque le mur & son récit :
25 personnes et un chien posent devant le Café du Centre à La Tour-de-Peilz, en Suisse vers 1875. Façade partiellement décrépie laissant apparaître des moellons. La porte d’entrée, un trou noir, et au-dessus, axée, l’enseigne arrondie : CAFÉ du CENTRE.
3 rangées de personnages. Devant, 6 enfants sont assis par terre et un grand chien blanc est couché. Derrière les enfants, 5 femmes et un homme sont assis sur des chaises ; 3 femmes et l’homme tiennent un bébé sur leurs genoux ; à côté, debout, un jeune garçon d’une douzaine d’années. Troisième rangée, 8 hommes sont debout. Parmi eux, nous reconnaissons Gustave Courbet qui tient une bouteille de vin inclinée dans la main droite comme s’il voulait remplir un verre qu’on lui tendrait...
La photo originale — scannée pour le besoin du tableau — est encadrée avec une petite baguette de bois sombre et un verre. La photographie mesure 12 x 16 cm. avec en plus des marges blanches d’environ 3 cm. Derrière le cadre, le chiffre 21 est tracé au crayon et la petite étiquette ovale de l’encadreur sur laquelle est imprimé en réserve à l’encre violette : — ENCADREMENTS R.NICOLA LA TOUR DE PEILZ —
J’ai souvent été dîner dans ce café lorsque j’habitais à La Tour-de-Peilz de 1965 à 1968. On y mangeait une délicieuse fondue au fromage et des filets de perches du lac Léman accompagnés d’un petit vin blanc local parfait. La vieille maison a été démolie vers la fin des années 70 ou début 80 pour satisfaire à un projet d’urbanisme hideux.

— Avec Jean-François Dumont, nous avons le projet de faire une exposition de mes peintures dans la galerie parisienne de Marion Meyer dont il est le directeur artistique. Pour moi, c’est une nouvelle très importante. Il y a plus de 15 ans que je n’ai pas exposé mes tableaux à Paris. Il faudra retrouver le public qui suivait mon travail à la galerie Stadler et lui montrer que, s’il y a une évolution de ma démarche, je suis toujours dans les mêmes histoires. Reste donc à faire une expo qui montre bien tout ça.

— Je vais appeler Figures le tableau qui montre 2 photographies faites à partir du même négatif.

— Pour Figures, il faut que j’élargisse la zone de blanc plus intense près de la figure dans le second panneau.

— La leçon pourra être un beau tableau.

— Est-ce que c’est le pinceau qui touche le tableau ou le tableau qui touche le pinceau ?

Le triptyque de Mérilheu

— Trouver dans les photos en couleur d’Emmanuel le bouquet de primevères.

— Il y a des chances qu’Alvina passe ce soir et reste jusqu’à demain après-midi pour qu’on puisse faire des photos demain matin. Il faut simplement que se voiture soit réparée. Je me réjouis de la revoir nue.
Mon téléphone sonne.
Merde, elle ne viendra pas ce soir. Mais en fin de semaine. Enfin, on verra bien. Disons qu’elle viendra quand elle viendra. Il me reste du temps pour faire découper les panneaux et les préparer.

— Je vais aller faire le tour du bloc à grands pas.
J’y vais.
Et je reviens fourbu. Le temps de reprendre mon souffle et je termine la leçon. Après, en fin d’après-midi, je sortirai de la réserve quelques grands tableaux de 1990-95 pour les voir à côté des récents et essayer de comprendre.

— J’envoie à Jean-François un commentaire descriptif et la repro d’un tableau ancien (1994) qu’on pourrait exposer avec les nouveaux (voir plus haut).

Ce grand tableau est un des derniers de la série des figures noires. Caryatides XXIII, 153 x 310 cm. Il date de 1994.
En 95 — après l’expérience de l’œuvre monumentale faite au château Dillon de Blanquefort (les 10 caryatides ou les gardiennes du chai, 160 x 850 cm., installée aujourd’hui dans la piscine d’un collectionneur et qui s’appelle maintenant les 10 caryatides ou les jeunes filles au bain (voir site)) — mes techniques de travail ont changé ; d’une certaine manière elles se sont inversées : je peignais la figure sur le fond du contreplaqué laissé vierge (sinon des traces du travail, palette, etc.) ; maintenant la photographie est épargnée par la peinture qui recouvre le fond.
Revenons à Caryatides XXIII :
le fond du tableau est divisé horizontalement en 3 parties égales. Un blanc laiteux recouvre la partie centrale alors que les 2 autres, à gauche et à droite, sont laissés en contreplaqué naturel.
5 figures forment une espèce de pyramide dont le sommet est tronqué. 2 figures positives peintes en noir et 3 figures négatives dont 2, en réserve, dans un halo de peinture sombre et la troisième, centrale, en réserve sur le fond blanc.
Je résume : nous avons sur le tableau 2 figures positives comme je les faisais depuis plusieurs années, 2 figures réservées dans de la peinture noire comme je le faisais quelques fois et une, réservée sur un fond blanc, qui laisse présager ce qui va advenir lorsque la photographie va remplacer le dessin peint.
Dans les tableaux de cette époque (voir Hier je n’ai pris aucune photographie), les figures étaient « posées » côte à côte — à différentes distances — de façon à installer les éléments préfigurant ce que j’appelle, aujourd’hui, un récit.
Ce tableau n’a jamais été exposé. Ce serait l’occasion.
Mais… est-ce une bonne idée ? Hors d’une grande expo rétrospective, quel sens cela pourrait avoir ? Être didactique, est-ce bien le projet d’une exposition commerciale ? N’y aurait-il pas un côté explicatif qui serait dommageable ? Comment les gens peuvent-ils « remplir » les trous chronologiques dans une œuvre comme la mienne qui est assez linéaire ? L’idéal serait de voir ce tableau en vrai dans l’expo, en parler avec quelques-uns, puis de décider.

— Pour les 2 derniers polyptyques, Figures et La leçon, élargir la zone d’intensité des fonds, près des figures, au moins d’une bonne dizaine de centimètres.

— Dans le second panneau de La leçon, reprendre le dessin du tibia d’Elise.


Mai 2010


— Faire les fiches pour les derniers tableaux. Faire aussi les étiquettes collantes d’information (titre, dimensions, etc.) que je colle derrière.

— J’attends avec impatience les panneaux de mes 2 prochains polyptyques.

— Dans Figures, la position (l’attitude) de Maylis est étrange. Je crois me souvenir qu’elle était juchée sur un haut tabouret assez instable et qu’elle essayait de trouver son équilibre. Répéter 2 fois cette même photo c’est poser cette étrangeté comme le sujet.

— 5 polyptyques sont composés de la même façon : 2 panneaux de 103 x 100 cm. séparés par un espace négatif de 6 cm. de largeur. Le printemps, la couleur de l’herbe, Figures & figure, Figures et La leçon (de photographie).Une construction efficace qui place 2 images très proches l’une de l’autre ; plus proches que si elles se touchaient. Ces tableaux mesurent 103 x 206 cm.

— Dès que mon site Internet sera mis à jour, envoyer l’info à tous mes contacts.

— Aujourd’hui 6 mai, je vois dans l’almanach du facteur que la lune rousse, cette année, va du 14 avril au 13 mai et que les saints de glaces sont les 11, 12 et 13 mai. C’est dès le 14 mai, date fatidique, que je planterai les plants de tomates que M. a fait germer dans sa serre. Je planterai aussi les aubergines, les poivrons, les piments etc. et je sèmerai les potirons, les courgettes et les concombres.

— Pour le triptyque (avec les poules) faire des espaces négatifs de part et d’autre de la figure centrale. 5 ou 6 cm. à gauche et 10 à 12, à droite. C’est l’idée de fermer d’abord le panneau de gauche puis, par dessus, fermer celui de droite.
Comment l’appeler ? Chercher un titre ; Une cène, par exemple ? Une drôle de cène ?

— Refaire l’étiquette de Caryatide XIII qui s’est décollée du tableau puis la recoller.

— Je suis allé chercher les panneaux chez l’imprimeur. Ils sont OK même s’ils sont un peu clairs. Il faut que je fasse attention ; mon moniteur a tendance à foncer les documents.

— Le châssis du triptyque est construit avec des espaces négatifs de 6 et 12 cm., à gauche et à droite du panneau central.

— Le polyptyque - La table et le tableau - dorénavant, je vais l’appeler – Tableau -. Refaire l’étiquette collante, corriger la fiche et le site.

— Comment appeler le triptyque ?
Le triptyque des poules de Pierre et les danseuses
Les poules et les danseuses
Triptyque – la cène avec les poules et les danseuses
Triptyque – la cène jouée par une fille, des poules et des danseuses
Triptyque – la mise en cène
Triptyque – la cène (une fille, des poules et des danseuses)
Triptyque - la cène (reconstitution approximative)
La cène (reconstitution approximative)
Pour l’instant, ce dernier titre me convient : supprimer le mot triptyque et mettre l’accent sur la cène.

— Les 2 derniers polyptyques qui sont en chantier, alternativement, se présentent bien.

— J’ai arraché les fèves, labouré et mis du composte ; j’ai planté 6 plants d’aubergines, 6 de poivrons rouges, 3 de piments de cayenne, 1 d’Espelette, 1 de poivrons blancs, hier, une quinzaine de plants de tomates cœur de bœuf.
Cette nuit, la biche est revenue manger les dernières salades qu’elle n’avait pas broutées l’autre jour. J’ai planté quelques lignes de salade à tondre.
J’ai mal aux reins.

— Fini le triptyque. J’ai toujours mal aux reins.

— Un nouveau titre, peut-être : la cène approximative

— Dans le diptyque de Mérilheu, les fonds ne sont pas encore au point : sur le panneau de gauche, accentuez franchement le dessin de la figure (le colle-mouches), sur celui de droit, rehausser à peine.

— Je suis en panne de peinture, de modèles, de projets, etc. Hier et aujourd’hui, j’ai fait du terrassement pour et chez mon voisin.

— Ne faut-il pas accentuer davantage encore le dessin du colle mouches avec de la peinture épaisse et brillante (?) comme de la glu ?

— Et retravailler le fond de la figure centrale du triptyque.

— Essayer de projeter, sur le mode du Tube de rouge, un tube de noir, de bleu, de jaune, etc.

Le tube de noir pourrait montrer, à gauche (?), l’ampoule allumée (du diptyque de Mérilheu, sans le colle mouches) mise en négatif. Du noir qui rayonne et qui « éclairera » le fond blanc du panneau comme les grandes silhouettes noires des pins parasols de la Villa Médicis éclairaient, la nuit, le ciel blanc de Rome.

Le tube de jaune pourrait se faire avec une photo montrant la joueuse de tennis Vénus Williams s’apprêtant à servir avec une balle jaune vif dans sa main gauche. Servir, offrir le jaune. Photo que j’ai prise à la télé durant le tournoi de Roland Garros.

— Pour l’instant, ces 2 derniers tableaux en projet ne comportent, chacun, que 2 panneaux séparés d’un petit espace négatif de 6 cm. de large. Je continue d’y travailler.

— J’ai repris pour la énième fois les fonds du triptyque.


Juin 2010


— Les projets du tube de noir et du tube de jaune ont été complétés selon le modèle du tube de rouge. Et, toujours sur le même modèle, j’ai imaginé un tube de blanc et un tube de bleu. (Les 2 premiers panneaux sont côte à côte et un espace négatif de 20 cm les sépare du troisième.)
Le panneau central — qui donne son titre au tableau — est compris comme le sujet. Les 2 autres comme des compléments. S’il faut trouver un verbe, il faut le chercher dans l’espace négatif.

— le tube de rouge (le journal intime)
le tube de noir (la nuit romaine)
le tube de jaune (l’offrande)
le tube de blanc (le tamaris rose)
le tube de bleu (la couleur de l’horizon)

— Il faut encore boucler le fichier informatique, finir de préparer les panneaux et apporter ce matériel chez l’imprimeur.

— L’imprimerie FORMAT NUMÉRIQUE de Pessac avec laquelle je travaille depuis 3 ou 4 ans (plus de cent tableaux) a déposé son bilan cette semaine. Il semblerait qu’il n’y a aucune autre imprimerie à Bordeaux et dans les environs qui peut me proposer les mêmes services : l’impression sur des panneaux rigides. Les autres imprimeurs ont des imprimantes à rouleaux qui ne peuvent imprimer que des matériaux souples qui peuvent se rouler — tissus, papier, plastiques, etc
Je me trouve dans la situation où je risque de devoir inventer une nouvelle forme, un nouveau support à mes tableaux : une nouvelle pratique. Je travaille depuis 35 ans sur du contreplaqué (avec un passage de 2 ou 3 ans sur papier photographique marouflé ou pas). Pour moi, ce serait un bouleversement qui comptera énormément sur la suite de mon travail.
Après un certain découragement, cette nouvelle donne m’excite ; c’est vrai que je commençais à très bien savoir faire ce que je faisais…
Il faut que je reprenne tout ça.

— J’ai trouvé un mec sur Bordeaux — Patrice Leblanc — qui soustraite les impressions numériques de toutes sortes sur toutes sortes de matériaux. Je suis tellement impatient que je lui ai confié l’impression des 12 panneaux des derniers projets — les tubes de couleur — sans m’assurer qu’il travaillait avec des gens sérieux.
Cet intermédiaire renchérit la transaction et la ralentit. Espérons que le résultat soit satisfaisant.
J’aurai le résultat dans une semaine exactement.
Si ça marche, il m’aura fallu plus d’un mois plein pour y arriver. Si ça ne marche pas, j’ai 2 autres adresses dont je doute qu’elles soient bonnes, n’ayant rien trouvé sur Internet à leur sujet.

— Les 2 nouveaux projets associent une photo de M. faite dans les années 80 (noir/blanc analogique) à une photo d’Al. très récente (couleur numérique). Foncer légèrement les photos d’Al. et, sur la photo de M. assise sur une chaise, déplacer la marge noire de droite à gauche.

— Dans quelques jours, je recevrai les 12 panneaux pour les 4 tableaux. Je confierai à Patrice Leblanc 6 autres panneaux à imprimer pour 3 tableaux. De quoi travailler cet été sans soucis . Il faudra que j’achète les tasseaux pour faire les châssis et les cadres ou m’informer auprès de mes fournisseurs des dates de leurs vacances. Clous, vis, mastic, peinture, colle…

— J’ai une nouvelle paire de lunettes qui me permet de regarder le moniteur de mon ordinateur en face sans être obligé de lever la tête. Mes cervicales pleines d’arthrose ne me font plus souffrir.
J’ai assemblé le tube de bleu (la couleur de l’horizon). Suis ravi d’être à nouveau dans mon travail.


Juillet 2010


— Élargir à 20 mm les marges verticales gauche et droite du « bleu ».

— Revoir les cheveux du « noir ».

— J’ai assemblé le tube de noir (la nuit romaine) et j’ai passé la première couche de blanc sur les 3 panneaux.

— J’attends avec impatience les 6 nouveaux panneaux imprimés.

— Les 2 derniers tableaux sont presque finis. Je crois qu’ils sont bien. Je vais me servir un scotch et je les regarderai profondément.

— Des jeunes artistes, il y en a plus que des vieux. Beaucoup d’artistes commencent jeunes ; peu, vieux. Puis beaucoup s’arrêtent avant d’être vieux. Les raisons sont multiples ; il y en a même qui meurent jeunes.
Il ne devrait pas y avoir plus de très bons artistes chez les vieux mais il y en a plus de mauvais chez les jeunes.

— Faut-il reprendre la photo du tube de blanc ? Elle est plus claire et surtout moins contrastée que les autres photos de tubes. Elle risque de disparaître dans le fond blanc. Je pense qu’il faut la refaire ou la reprendre avec photoshop. Avant, toute fois, je vais essayer de peindre le fond puis, si le résultat n’est pas mauvais, l’assembler aux autres panneaux et aller jusqu’au bout du tableau.

— Le tableau a été assemblé. Le fond blanc autour du tube est satisfaisant ; une seconde couche peut lui donner les contrastes qu’il faut. J’ai commencé la peinture du 1er panneau qui représente Alvina très floue en petite culotte blanche et me suis complètement planté. Vouloir trouver le dessin d’une figure si floue est, ici, une gageure et le résultat que j’ai fini par obtenir après une journée de travail n’était pas bon ; la figure s’est figée dans un dessin volontariste et maladroit.
J’abandonne le tableau et recommence tout. Re-imprimer les 3 panneaux. (J’en profiterai pour reprendre la photo du tube de blanc.) Je les collerais sur les anciens pour ne pas être obligé de refaire un nouveau châssis ; cela alourdira un peu le tableau mais ce n’est pas grave. Je l’ai déjà fait une fois avec la table et le tableau que j’avais dû refaire après avoir repris la perspective de la table.

— J’ai fini le « jaune ». Il est magnifique.

— Et fait le projet d’un « vert ». Toujours la même composition. Les 2 premiers panneaux sont côte à côte et le 3e est séparé du 2e par un espace négatif de 19,5 cm.
Un pinceau neuf au manche vert scanné directement, un tube de vert neuf et Elise nue couchée les jambes écartées, le sexe au premier plan. Elle est couchée sur un banc de jardin sous le chêne rouge d’Amérique. Le soleil, à travers les bambous, découpe des ombres vertes sur son corps blanc. La photo a été prise le 28 juin 2009 par Emmanuel.

— Demain, je prépare les 6 panneaux pour ces 2 derniers tableaux.

— Ce dernier tableau pourrait s’appeler
Le tube de vert (l’ombre verte) ou
Le tube de vert (touffe (de poils), pinceau : même étymologie que pénis.
Le tube de vert (les touffes)
Le tube de vert (l’ombre est verte)
Le tube de vert (la couleur de l’ombre)
Le tube de vert (paysage)
Le tube de vert (métaphore douteuse)
Le tube de vert (la touche verte)
Le tube de vert (la touche)
Le tube de vert (la touche du peintre)

— J’ai reçu les 6 impressions pour les 3 nouveaux tableaux aux titres encore provisoires : la main gauche d’Alvina, une position franche et le repos des filles. Elles sont parfaites. Je crois que cet imprimeur travaille mieux que l’autre. Après un stress énorme dû à la faillite de Format numérique et la crainte de ne pouvoir retrouver un nouvel imprimeur dans la région — ce qui m’aurait obligé de changer de support — je suis content. C’est plus cher d’environ 1/3 mais le confort du travail avec Patrice L., pour l’instant, me va bien. En plus, se met en place « doucement » le projet d’une collaboration possible avec lui dans le cadre de sa boîte de décoration numérique ADUP (Ambiance Numérique Univers Personnalisé). J’en reparlerai, ici, quand les choses auront avancé.

— Patrice est reparti avec les 6 panneaux vierges et les fichiers numériques pour l’impression des « blanc » et « vert ».

— Je cherche et mets en jeu des images fortes. Des images qui, à elles seules, sont chargées de sens. Ou qui contiennent la vocation d’affirmer un sens particulièrement fort au contact d’autres images. Ce ne sont pas elles qui illustrent le récit mais elles qui engagent son processus.

— Premier glacis sur la main tendue.

— Le montage et la colorisation d’une position franche.

— Le montage et le premier glacis sur le repos des modèles.

— Cher E.,
je suis plutôt content des 2 tableaux dont je t’envoie des repros. Y a encore des problèmes de titres mais bon… Le repos des modèles, je pense à un tableau de Vallotton et la dernière photographie (ou de droite à gauche), c’est la douzième de la pellicule noir/blanc. Le troisième tableau, une position franche, sera peut-être fini ce soir et, s’il reste un peu de lumière, je t’en ferai une repro. Il est plus difficile que les autres parce qu’il met en jeu des photos très moches. Fortes, certes, mais moches, dures. Sans « grâce ». Elles sont liées l’une à l’autre par leur composition. La première, à la prise de vue et la seconde, au recadrage. Comment l’image de la fille se comporte-t-elle dans la photo carrée. C’est une question qui se pose toujours, qu’il y ait recadrage ou pas ; mais ici, c’est le sujet. Avec le Rolley 6/6, le cadre se faisait à la prise de vue et je n’y touchais plus. Maintenant avec le Nikon je cadre à la prise de vue, bien sûr, — peut-être avec moins d’attention mais cela reste à prouver — puis au recadrage pour obtenir, d’une photo rectangulaire, une carrée qui a presque toujours la dimension du plus petit côté du rectangle.
Voilà, j’ai pu faire une repro de la 3e. Je te l’envoie. Peut-être comprends-tu ce que je racontais plus haut.
Maintenant, j’attends. J’attends que les 6 nouveaux panneaux soient imprimés : le tube de blanc et celui de vert.
Aujourd’hui, je vais essayer d’imaginer d’autres récits tout en ayant à l’esprit l’idée d’une nouvelle organisation possible du tableau. Je ne vois pas comment je peux l’inventer ; il faut que je la trouve et que je la reconnaisse, bien sûr.

— En son temps ; j’avais fait une photo d’un tube de brun (terre de Pouzzoles). Je la mets dans un coin de ma tête ; si une idée s’impose, je la ferai à la suite (dans la série) des 6 autres.

— Faire une photo satisfaisante du grand marronnier. Et d’un minuscule ; un de ceux que Mattéo a semé et qui doit bien mesurer 8 cm de haut. Aujourd’hui, fin juillet, les feuilles des marronniers sont tachées. Sur tout le territoire français, paraît-il, ils sont atteints de la même maladie.


Août 2010


— Préparer les fichiers informatiques pour la suite : le tube de brun et la frise (titre provisoire). Revoir la densité et la couleur de toutes les images.

— M. et moi avons repeint une partie de notre maison, en extérieur, en bleu ciel assez soutenu.

— Sur le « vert » élargir à 2 cm la marge blanche à gauche de la 3e image (en mordant un peu sur l’image).

— Remplacer le titre la couleur de l’horizon par les yeux du peintre.

— Faire des repros des « blanc » et « vert » avant de les accrocher au mur.

— Peindre le bord vertical droite du 1e panneau du « blanc » avant de reprendre le fond du 2e panneau.

— Remplacer le titre le tamaris rose par blanc est une couleur.

— Compléter le site.

— Remplacer le titre la touche du peintre par les touches du peintre.

— Cher E.,
je pense que le tube de brun est (sera) mon dernier tube (… il faut à tout moment savoir s’arrêter). Je me réjouis de voir comment l’image du contreplaqué (3e panneau) va cohabiter avec le contreplaqué qui séparera le 2e du 3e.
La seconde esquisse que j’appelle frise, pour l’instant, est un nouveau format (53 cm de haut) alors que les autres ont 76 ou 103 cm de haut. Ça me permet(tra) de faire des récits avec plus d’images sans qu’ils soient trop longs. Ici, c’est l’histoire d’une folle en 3 séquences (qui ne respectent pas les 3 tableaux) : le cul en l’air, panneaux 1, 2 et 8 ; la gratte, de 4 à 7 et les 2 visages, 3 et 9.
Ces 2 derniers projets ne sont pas encore chez l’imprimeur qui est en vacances jusqu’à la semaine prochaine. J’attends.

— Cette dernière semaine, travail administratif et mise en ordre : j’ai rassemblé les repros en haute résolution de mes dernières séries (3 séries, une centaine d’images) les ai retouchées, gravées et envoyées avec leurs légendes chez Marion Meyer contemporain à l’intention de Jean-François Dumont. J’ai dû re-photographier une dizaine de tableaux dont je ne trouvais plus les repros.
J’ai préparé pour Sylvain, mon webmaster, la mise à jour du site Internet : 37 images en basse résolution avec leurs légendes et les notes de travail des 4 derniers mois. Envoyé le tout en 5 e-mail pas trop lourds.
Les dernières fiches.
Et les étiquettes à coller derrière les tableaux pour les identifier.

— Je ressens la nudité, comme de la beauté : une très vieille beauté. Une beauté fossile. La beauté de la nudité : un fossile vivant. Comme artistes, nous n’avons pas à nous en occuper ; juste à en jouir. Il y a des beautés contemporaines.

— Demain, j’irai chercher mes 12 panneaux chez l’imprimeur.

— Comment différencier le bleu du blanc ou du rouge si nous n’attribuons pas, par exemple, le bleu au ciel, le blanc à la neige, le rouge au sang, le vert à l’herbe… Nous avons le souvenir des couleurs ; l’œil absolu — comme l’oreille absolue des gens qui reconnaissent les notes de musique lorsqu’ils les entendent —. Bleu ciel, orange, marron, citron, rose, ocre… sont des noms de couleur.
Élisa, ma grand’mère paternelle était daltonienne et, comme gosse, cela m’impressionnait beaucoup. Peut-être que cette série de tableaux (les tubes de couleur) lui est dédiée.

— J’ai assemblé le tube de brun. Il faut lui trouver un sous-titre.


Septembre 2010


— La frise (titre provisoire) avance plutôt bien. Les 3 récits mélangés sont colorisés de manières différentes : culs dorés, corps bleutés et visages verdâtres.

— Le sous-titre pour le tube de brun pourrait être : contre-jour et contreplaqué.

— La frise pourrait s’appeler : une histoire de folie ordinaire.

— Dans cette série LE MUR & SON RÉCIT POLYPTYQUES, il y a des récits de ma vie, d’autres sur la peinture, le tableau, la peinture ancienne et d’autres encore sur le récit lui même. Ces différents points-de-vue-sur-les-choses se croisent souvent, se superposent.

— Photographier au téléobjectif des détails des derniers tableaux. Et faire des photos de l’atelier.

— Je préfèrerai : chronique d’une folie ordinaire.

— Retoucher l’épaule gauche du portrait de la première séquence.

— Réfléchir à des récits qui seraient fait d’une seule image avec 1 ou 2 espaces négatifs — ou peut-être aucun —. Je pense que pour ce projet, il faut rejouer les attitudes archétypes : la femme qui marche, qui pisse, qui accouche, qui se branle, qui a peur, etc. l’ensemble de la figure de la tête aux pieds sans cadrage volontariste. Revoir aussi d’anciennes photos en n/b.

— Le détourage à la peinture blanche des figures ou fragments de figure est une augmentation.

— L’impression numérique, dans les zones denses de l’image, apparaît brillante dans certaines lumières un peu obliques. Je vais essayer de trouver un vernis satiné pour donner à toutes les zones la même apparence. Faudra-t-il vernir avant la colorisation ou après, avant la peinture ou après ?

— Accrocher la « chronique » dans un angle de l’atelier parce qu’elle est trop longue pour être suspendue sur un seul mur.

— Le vernis mat que j’ai expérimenté sur les 3 séquences de la chronique d’une petite folie (titre définitif, peut-être) donne un résultat parfait . Les coups de pinceaux de l’application du vernis ne sont pas visibles et j’obtiens une apparence régulière légèrement satinée sur toute la surface du tableau.
Dorénavant je vais passer ce vernis sur l’image numérique avant de la coloriser et de peindre pour laisser à la peinture l’apparence qu’elle a et respecter la petite différence entre elle et l’image.

— J’ai confié 7 panneaux à Patrice avec l’idée de faire 7 récits qui ne contiendraient, chacun, qu’une seule image qui mesurera 103 x 100 cm.

— Faire des projets de récits verticaux.

— Je vais associer les 2 dernières notes.

— Emmanuel,
[…] quant à notre projet, j’y pense beaucoup et suis de plus en plus convaincu que le mur d’une galerie n’est pas le support à Déquoit pour tes cartes postales mais peut l’être pour quelques doubles pages des méditations très fortement agrandies avec, dessous, une table/tablette appuyée contre le mur, légèrement inclinée ou pas, avec quelques cartes postales* recto/verso comportant au recto, une image (montage ou non) et au verso un petit bloc de texte (toujours tes méditations) en guise de message à envoyer à quelqu’un (message à la fois affectueux et intime lorsqu’il est adressé à quelqu’un) L’ensemble des cartes serait entouré d’une bande de papier (c.f. Maya) serait vendu à qui voudrait l’acheter.
Les petites installations textes/tablettes pourraient être soit dispersées dans l’accrochage parmi les tableaux soit occuper un espace spécifique : une installation dans une expo de tableaux.

Ce projet vient de l’idée que mes tableaux sont très picturaux, très grands avec une présence plastique forte liée au choix des matériaux. Il n’y a qu’autre chose qu’une image qui peut les côtoyer, c’est-à-dire un texte agrandi (comme on en voit dans les expos de musées pour les explications historiques ou autres).

Toujours, dans mon idée, ce projet peut être rejeté, (ce qui serait dommage) ou peut évoluer (ce que je préférerais) en fonction des discussions qu’on peut avoir ensemble ou/et avec un tiers, ami, galeriste ou autre. […]

* Je pense qu’il ne faut pas s’arrêter aux images d’Elise, sans accent, mais « remonter » plus haut dans tes photos : j’ai en mémoire les montages films pour Muriel (je ne me souviens pas précisément du titre générique). Deux chapitres différents : l’analogique et le digital, deux tonalités différentes, deux révélations, deux nudités etc. Sur les tablettes on peut placer, en les protégeant d’un verre, les montages originaux… cutter / colle / fenêtre / pliage /etc.

P.S. Il restera beaucoup de décisions à prendre, de choix à faire ; dans ce projet le texte est-il imprimé sur le mur, sur un fond ou sur un grand papier et quel papier : chiffon ou affiche, cadre ou pas cadre avec quelle typo : garamond ou autre, etc. ?

— J’ai fait plusieurs esquisses sur l’idée de récits verticaux avec une seule image. La meilleure, pour l’instant, est de placer l’image au dessus d’un espace négatif d’à peu près les mêmes dimensions, voire un peu plus haut, (toujours sur la même largeur), qui fonctionnerait comme un « socle ». À voir avec les premières réalisations s’il faudra poser le tableau sur le sol et l’appuyer contre le mur ou l’accrocher très légèrement en hauteur (quelques cm. comme une plinthe) ou plus haut encore comme un tableau. Les 3 solutions, sont-elles aussi satisfaisantes les unes que les autres ? D’autres idées avec des espaces négatifs qui ne feraient pas références à la notion de socle.

— Avec ces nouveaux projets, on s’éloigne de la notion de récit au profit peut-être de celle de « monument ». S’il y avait plusieurs images comme dans les récits horizontaux, la notion de récit subsisterait augmentée par celle de monument : un récit monumental.

— Un récit vertical serait-il plus monumental qu’un récit horizontal ?

— Le sens de la lecture ? Y en a-t-il qu’un : de gauche à droite et de haut en bas (dans notre culture) ? Ici, précisément, je dis non. L’attention, le regard, peuvent être immédiatement accrochés par une image ; elle devient le point de départ du récit. Son sens se fait à partir et autour d’elle (et du spectateur).

— Quand je repense à mon vernis mat, je ne suis pas sûr qu’il faille le passer sur l’impression avant sa colorisation. Il risque de boucher les veines du contreplaqué et les traces de la peinture de préparation et ainsi modifier l’effet de la colorisation. Donc :
1) monter les images et espaces négatifs sur un châssis
2) coloriser les images
3) passer le vernis
4) peindre

— Tout à l’heure, je recevrai mes 7 panneaux.

— Cher E.
je t’envoie cette petite « simulation » qui n’a rien d’exact surtout pas les tables/tablettes. Je les vois bien sous chaque page un peu comme un socle. Je ne sais pas encore s’il faut les faire en bois naturel, peints en blanc ou en noir… avec ou sans verre.
Pour les textes que j’ai reproduits du livre, je les vois sur un fond peint, sur le mur (ni papier ni panneau, ni matière quelconque). Reste à trouver la couleur et la typo qui, ici, ne me semble pas vilaines. Je pense qu’il faudrait faire des essais. Ici, la garamond me semble tout de même un peu « légère ».
Toujours avec le soucis de donner de la plasticité à ces petites installations, j’ai aligné les pages sur le bas des tableaux et les ai fait un peu dépasser en hauteur.

— J’ai fait plusieurs projets pour les futurs récits monumentaux. OK.

— Demain, à l’aube nous partons à Chicago. 1 semaine puis à Austin, Texas, 1 semaine aussi.


Octobre 2010


— Du 1er au 16, voyage à Chicago puis au Texas, près de Austin ; visite à San-Antonio (Fort Alamo) et Corpus-Christy.

— J’ai beaucoup de peine à me remettre à ma peinture. Je n’ai plus rien dans la tête. Je ne sais plus pourquoi je faisais ce que je faisais. Cette parenthèse américaine m’a tuer (er) même si j’ai eu un énorme plaisir à voir Chicago ; une ville d’architecture depuis la fin du 19e siècle. Superbe.

— Je merde complètement avec le fameux vernis. Contrairement aux premiers essais sur une petite figure, je vois que, sur une figure plus grande, il laisse des traces de coups de pinceau. Il faut que je trouve un pinceau mieux adapté à ce genre de fonction ; plus large et plus doux.

— J’ai trouvé ce pinceau, plus large et plus doux, et ça m’a l’air de marcher.

— Cher Emmanuel,
[…] Voilà, je continue de réfléchir à un projet d’expo, ensemble, et j’aimerais avoir, pour un temps, quelques films pour Muriel ; j’aimerais les revoir, les scanner, voire les agrandir ; j’ai l’impression — peut-être la certitude — qu’à côté de mes peintures, ils seraient une même histoire de récit dans une autre proposition, une autre picturalité, d’autres gestes.
As-tu encore quelques montages chez toi ou les as-tu tous envoyés à Muriel ? S’ils sont chez Muriel, penses-tu que ce serait possible qu’elle m’en envoie quelques-uns, pour commencer à voir ? J’en prendrai, bien entendu grand soin. Je t’en ferai les meilleures repros possibles.

— Les « blancs » (espaces négatifs) dans mes récits sont foncés, de la couleur du contreplaqué huilé. Je les vois un peu comme des mots en romain dans un texte en italique.

— Les 2 premiers tableaux de la série des « monuments » sont achevés. L’un a une figure entière et l’autre, presque ; le visage est coupé à la hauteur du nez. Je ne peux pas encore dire si, dans ce type de composition, une figure entière serait une meilleure proposition qu’une figure partielle. Ici la figure entière semble être meilleure.

— Le mot monument ne me convient plus ; trop connoté comme une valeur mortifère. J’y préfère le mot simple de sculpture.


Novembre 2010


— J’ai réorganisé mon atelier en changeant de place le stock des tableaux récents et en cours. Cela me libère les 3 murs nord, est et sud. Le stock est fait, maintenant, à l’aplomb de la mezzanine, côté ouest ; j’y avais mes outils sur une étagère et une petite table sur tréteaux, à côté : mon bordel, la poubelle, bottes de jardin, graines de tournesol pour les oiseaux du ciel, pots de peinture, gesso, reste de tasseaux, plastic bulles, colles, mastic, etc. Tout ce « matos » se retrouve sur et sous une grande table appuyée contre la baie vitrée côté nord. La table-palette à roulettes avec la peinture, les pinceaux et les produits pour peindre est entreposée — quand elle n’est pas ailleurs — sous l’escalier en colimaçon qui monte sur la mezzanine.
Cette opération m’a fait gagner beaucoup de place. Dans quelques mois, ce sera sans doute un second container pour stocker les tableaux. Je l’imagine un peu confortable avec un chauffage pour l’hiver et une clim pour l’été. Cela ne me paraît pas impossible.

— Cher E,
j’ai fini les 4 premiers tableaux. Je ne les appelle plus monuments ; il y a dans ce mot quelque chose de trop prétentieux. Je pense que sculpture, c’est mieux. Il y en a encore un en route et un dernier pas tout à fait pareil puisqu’il a 2 figures superposées séparées par un petit espace négatif. Dans ce dernier, on peut de nouveau parler de récit comme pour les horizontaux.
Ce week-end, j’aurai la visite d’Alvina qui viendra avec son dernier copain . Ils seraient d’accord de poser ensemble. C’est elle qui me l’a demandé. J’espère qu’il a une bonne gueule. La bite me paraît très secondaire même si j’aimerais qu’elle soit présente, gonflée par le désir ; que son sexe existe comme des seins ou comme une vulve ouverte. Simplement. Pas rabougrie, perdue dans une forêt de poils disgracieux.
Nous sommes en train de vendre notre ancienne maison. Nous avons accepté l’offre qui nous a été faite. Elle est à la hauteur, à peu près, de nos prétentions mais avec l’ensemble des 2 terrains. Nous avons imaginé que de garder le « jardin en mouvement » ça nous apporterait que des soucis : les arbres qui peuvent tomber sur la route, le terrain à entretenir et la difficulté qu’on aura à le vendre, le moment venu. Il va y avoir un giratoire dans l’angle, une nouvelle route avec une piste cyclable etc etc. Nous allons bientôt signer tout ça et, dans 3 mois, une histoire finira (je paye pas) et une autre commencera. (Le grand eucalyptus est mort cet été, je ne sais pas pourquoi. Les bassins sont à sec, les poissons sont morts même si je continue d’entretenir un peu. J’en ai vraiment marre. J’irai, demain, chercher la petite fougère du tombeau de Chang Tseu pour la planter quelque part, ici. Les Américains sont cons. Les français, aussi.

— J’ai planté la petite fougère, au nord, où le terrain est plus mouillé. J’aurais dû faire un trou et mettre de la terre de bruyère. J’ai simplement un peu gratté le sol et posé les 2 touffes de fougères puis j’ai bien arrosé. Si je vois qu’elle a de la peine à s’installer, j’aviserai.

— Alvina ne viendra pas avec son copain ce week-end. Elle est malade, fiévreuse. Ils viendront dès qu’elle sera rétablie.

— Monter le blanc de chaque côté de la figure verticale oblique. Que la figure et son détourage apparaissent un peu en creux ; un pli.

— 212,1 x 100,2
214,1 x 102,2

— Revoir le dessin du dessous de la cuisse gauche et la densité du fond de la figure inférieure.

— Après une discussion avec E. sur le titre générique de « sculpture » que je donnais à cette nouvelle série, il m’a convaincu de le remplacer par celui de « statue ». En latin, statua signifie quelque chose d’érigé, voire même, une colonne ; et c’est parfaitement le sens que je voulais donner à ces tableaux « debout » qu’on peut simplement poser sur le sol, appuyé contre le mur.

— Retravailler le récit des « 2 mains tendues de part et d’autre du marronnier » et remplacer celui-ci par le portail de Mérilheu qui donne, au premier plan, sur la cour de la ferme voisine et au second, sur la chaîne des Pyrénées.

— Maintenant que les 7 dernières peintures sont bien sèches, il faut régler les brillances irrégulières dans les figures soit parce que je n’ai pas encore passé le vernis soit parce que je l’ai mal passé.

— Cette nouvelle série « statues » m’excite beaucoup. Je me réjouis des nouvelles prochaines prises de vue.

— Il faut que j’aille chez mon caviste avec mes 2 bouteilles à scotch vides pour les remplir.

— Faire un « socle » pour le tableau figures de la série LE MUR & SON RÉCIT polyptyques. Nouveau tableau symétrique sans images ni peinture. Même hauteur, même largeur. Comment nommer le nouveau tableau ? Figures (statue) et abandonner le générique LE MUR & SON RÉCIT polyptyques.

— J’ai fait, pour rendre service à un ami, des reproductions de 4 tableaux de 2 jeunes artistes. L’une d’elle était un peu floue. J’ai dû la refaire. Photographier un tableau c’est faire une reproduction. Photographier une fille nue, aussi ?

— La transformation de « figures » en « statue » n’est pas une nouvelle idée ni une invention. « figures » contenait le projet de « statue ». Il fallait juste le voir.

— Il n’y a pas de « cul » dans mon travail mais il n’y pas pas-de-cul non plus. Ces deux affirmations sont justes.

— Je me branle devant une femme, un livre ou un film pornos. Pas devant un tableau. Pour moi, le tableau est asynchrone.

— Réparer les rideaux de l’atelier.

— Les statues ont un socle.
Je pense au socle que Michel-Ange a dessiné pour accueillir la statue en bronze de Marc-Aurèle sur la Place du Capitole, à Rome, qu’il a également dessinée. Ce socle est « l’axe de gravité » de cette fameuse place trapézoïdale. Il est, si je fais allusion au socle du monde de Manzoni, son socle. Entre statue et place.

— Faire des détails des derniers tableaux si la lumière est bonne.

— J’ai fait des essais avec quelques Muriel-films d’E. pour les voir en livre, expo, vidéo ou autres. Je peux dire que, pour l’instant, ils résistent bien à devenir autre chose que ce qu’ils sont. C’est plutôt bon signe : ils sont ce qu’ils doivent être.
Les montages sont à peu près de 10 x 15 cm. sur un fond blanc de 15 x 20 cm. Ils sont recouverts par une marie-louise à charnière qui les recadrent parfaitement rectangulaires. Voilà comme ils nous apparaissent. Soulevant la marie-louise, nous voyons le montage brut fait de 2 « morceaux » de photographie de grandeurs variables collés l’un contre l’autre sur une coupe droite et verticale. Le tout est « bricolé » au cutter, aux ciseaux, à la colle… et à l’œil.
Je travaille sur les scannes des originaux faits par E. La limite des images étant celle du support, le fond blanc fait donc partie de l’image.
Comme les montages ont été scannés avec le fond, celui-ci n’est pas parfaitement blanc. Je crois que la première chose à faire est de le faire blanc. Pour montrer ce fond comme partie intégrante du « film », il faut le placer sur un support plus grand et différencier les 2 fonds — celui du film et celui du support — soit avec une teinte pour celui-ci soit avec un filet autour de celui du film.

— Cher E.,
j’ai fait 3 essais : le premier avec des filets, le 2e avec un fond crème clair et le 3e avec un fond noir (qui aimerait rappeler les conditions dans lesquelles on voit les films). Je n’ai pas les moyens de faire un 4e essai avec, pour différencier les 2 fonds, poser une couche de vernis transparent légèrement brillant sur le film.
Ceci pour un livre/catalogue ; un livre à l’italienne à peu près A4 où l’on retrouverait les images à leur taille. Pour une estampe (autour de 30 x 42 cm. avec des feuilles libres) ou/et pour quelque chose de plus grand encore (autour de 84 x 120 cm. épreuves contrecollées sur allu ou simplement encadrées, en diptyque).
Sur les 3 essais que je t’envoie, c’est le beige qui me plait le moins. Pourquoi une nouvelle couleur ? On pourrait le remplacer par un gris légèrement plus clair (très clair). Sur le blanc, mon filet au crayon est mille fois trop rustique.

Je t’envoie ce courrier tout à l’heure pour qu’il parte aujourd’hui. J’ai pas le temps de me relire et on se téléphone pour recadrer peut-être tout ça. Puis on passera aux essais.

— Demain, 1e décembre, je devrais recevoir mes dernières impressions. J’en peux plus d’attendre.


Décembre 2010


— J’ai assemblé un tableau de 76 x 277 cm. 3 images et 2 espaces négatifs.
Deux mains tendues et un portail métallique, au loin, les Pyrénées.
Devant le portail, on est dans un dehors dedans ; l’autre côté est un dehors dehors. Le regard traverse le portail, pas le corps. Les figures sont enfermées. L’une est devant et l’autre derrière ? Il y a 20 ans entre elles. Une figure entière accroupie sur l’escalier métallique et le bras d’une autre dans de la peinture. Les 2 filles ne se connaissent pas.

— Nous avons reçu, ce week-end, l’ami peintre Philippe F. et passé une journée entière dans l’atelier. Nous n’avons pas trop parlé, j’ai déplacé beaucoup de tableaux. J’aime la peinture de Philippe et je sentais, qu’avec lui, il y avait ses tableaux là à côté des miens.

— J’ai accroché les derniers tableaux sur les murs de l’atelier pour les avoir devant les yeux ; aussi parce que je manque de place pour les stocker. Ce n’est, bien sûr, pas un accrochage de galerie, plutôt celui d’un musée au XVIII ou XIXe siècle. Les 3 murs de 5 m. de haut sont recouverts de tableaux du sol au plafond (VOIR le site, rubrique L’ATELIER AUJOURD’HUI) à peine séparés les uns des autres d’une dizaine de cm. Comme chaque tableau raconte une histoire différente, il suffit d’« entrer » dans l’un d’eux pour ne plus être, le temps de l’observation, dérangé par la présence des autres. Ne pourrait-on pas imaginer un accrochage dans une galerie ou un musée d’art contemporain sur ce modèle ? Un accrochage qui serait le récit des récits.

— Garage
poste
banque
U.

— Passer de l’huile de lin sur les 2 espaces négatifs de dans la maison vide.

— Revoir le dessin du genou droite de la figure dans dehors/dedans et dehors/dehors.

— Faire des repros des 2 derniers tableaux puis photographier chaque panneau séparément et faire le montage sur photoshop. Et voir.

— Idée :
Faire des statues dont le panneau inférieur serait un tabouret, une table…
Photographier le tabouret/socle selon les 4 points de vue cardinaux pour en faire le tour. Faire la même chose avec le modèle. Peut-être que les 4 tableaux obtenus n’en feraient qu’un.

— Chercher des objets/socles possibles : table, plots de bois, pierre taillée, etc.

— 2 photographies sur 2 panneaux assemblés verticalement : 1) une femme nue debout cadrée des pieds jusqu’au pubis puis dessus, 2) du pubis jusqu'à la tête.

— Si la dernière note va faire l’objet d’un grand tableau/statue, les 2 précédentes sont, pour l’instant, de mauvaises pistes. Les esquisses montrent quelque chose d’un peu ridicule ; une figure lévitant au-dessus d’un objet identifié comme un socle. En remplaçant la figure par une photographie ancienne en n/b, ça marche. Les 2 systèmes iconiques sont tellement différents que leur association est possible sans ridicule.

— Refaire les repros des « statues » en photographiant chaque panneau séparément.

— Je suis allé chercher les 8 nouveaux panneaux chez l’imprimeur. C’est toujours une émotion de voir ces belles impressions brutes. Le travail est déjà bien avancé :
photographies
choix du format et découpe des panneaux
choix des récits
préparation des panneaux
cadrages des photos
préparation du fichier informatique
impression
assemblage des panneaux sur châssis
coloriser les figures
peindre
faire la boîte américaine et la visser au tableau.

— Cette boîte a plusieurs fonctions : protéger la peinture lorsqu’on appuie les tableaux les uns contre les autres, raidir l’assemblage des panneaux pour pas qu’il se voile et cacher la tranche qui est un montage-clouage-collage approximatif de tasseaux.

— Le tableau qui s’appelait le blanc est une couleur a un nouveau titre : le blanc, c’est des couleurs.

— Dans la série des statues, la grande figure debout d’environ 2 m de haut s’appelle Ève.

— Ève 2011

— Quand on regarde des photographies à très haute définition, on voit avec ses yeux ce qu’on ne peut pas voir avec ses yeux.

— Les 2 fonds d’Ève sont la plus grande surface que j’ai à peindre sur le même tableau. La difficulté sera de trouver une intensité juste et régulière.

— Pour l’heure, le dessin de la figure est très beau.

— Saturer le blanc en partant des bords gauche et droite du tableau ; se rapprocher de la figure en dégradé pour la laisser en creux.


Janvier 2011


— Les fonds de Ève ne sont pas encore au point. Un 3e glacis sera nécessaire ; la matière cotonneuse du blanc nuit à l’intensité que je cherche à opposer au flou de la figure.

— 206 x 100 cm.
208 x 102 cm.

— À côté du ciel pourrait être le titre du dernier polyptyque. Fait en 2 parties, il mesure, en tout, 76 x 342 cm.

— J’ai mis en chantier 3 projets de statues qui mesureront chacune 206 x 100 cm. Les 6 panneaux sont chez l’imprimeur. L’une parle de prise de vue, une autre de point de fuite. La dernière évoque les 3 grâces.

— Imaginer des petites statues de 30 à 50 cm. de haut qui pourraient se tenir toutes seules sur un meuble, une étagère ou autre ; un peu comme ces petits cadres qui se tiennent presque verticalement appuyés sur leur languette triangulaire.

— La statue — représentant sur son panneau inférieur un tabouret d’atelier et, sur le supérieur, l’agrandissement d’un contact photo n/b représentant une fille accroupie — est finie.
Comme nous le voyons dans les 6 premières statues, le « socle » de la statue est bien l’ensemble du panneau inférieur. Dans cette dernière statue, c’est toujours le cas avec, en plus, sur le socle même, la représentation picturale redondante d’un objet/socle ; ici, le tabouret. Idem pour Ève, ses jambes. Même histoire pour les 3 prochaines statues.
Le statut du panneau supérieur peut être compris de la même manière : la statue elle-même, comme le support de la figure représentée.

— Faire des photos au téléobjectif des antéfix qui sont sur le faîte du toit des dépendances du château Pian.

— Mettre à jour mon site internet.

— je ne sais pas qui a raconté cette histoire pour la première fois


Février 2011


— Retoucher le dessin du bras droite et du bas de la cuisse gauche.

— Je vais refaire la statue (le RolleiFlex sur son trépieds) ; l’axe vertical du trépieds n’est pas exactement vertical et le Rollei n’est pas en face du spectateur. J’ai refait la photo en ajoutant un peu de lumière et de netteté. Quant à la fille qui est sur la tête, les jambes écartées, elle va ; même si je suis en train de me convaincre de changer d’image.

— Acheter de l’argent et des CD vierges.

— Il faut reprendre encore le dessin de la cuisse droite (des 2 côtés de la cuisse).

— Scanner quelques textes du livre d’E. méditations photographiques sur l’idée simple de nudité. et en faire les socles de prochaines statues.

—J’ai scanné la page entière avec le numéro du texte et le folio . c’est la page du livre qui est socle, pas le texte.

— Peinture à l’eau, à l’huile et au scotch.

— Je pense au format de ces prochaines statues ; il pourrait être de 123 x 50 cm.

— Une photographie est toujours floue. Toujours et jamais sont synonymes.

— Peut-être revoir le fond du 3e panneau d’à côté du ciel.

— L’idée de faire des statues avec une page des méditations d’E ; trouver des photos de l’époque de la photographie argentique, chez E. comme chez moi.

— J’ai tenté de choisir quelques pages avec des textes qui seraient mieux adaptés que d’autres à ce nouvel usage. Sans y parvenir. Tous ont la même force. Commencer par le texte n° I et aller jusqu’au bout, jusqu’à la soixante seizième statues…

— J’ai reçu en retour 51 des tableaux exposés chez Pierre Hallet à Bruxelles en 2008. J’en attends encore 5 particulièrement délicats dans un autre envoi.

— J’ai reçu les derniers tableaux de Bruxelles.

— Faire le plan de découpe des nouveaux panneaux.

— Graines et graisse pour les oiseaux du ciel.

— D.X.
Mollat
Jardiland
no France
Leroy Merlin
Gédimat

— J’ai fait 5 tableaux avec les 5 premières pages de textes des Méditations. La page est légèrement rognée pour équilibrer les marges gauche/droite (le grand et le petit fond). Pour donner une présence au papier du livre, je l’ai coloré de différentes nuances claires.

J’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui cloche : je l’identifie au classicisme de la typographie, une Garamond, et à sa mise en page : un petit texte en pavé précédé d’un chiffre romain centré et suivi d’un folio, centré lui aussi, pour chaque page laissant beaucoup de place aux marges. Cette attitude typographique très « classique » me semble mal adaptée à ma peinture et lui confère trop de préciosité.
Je suis en train de reprendre la mise en page des textes dans un format carré. Je perds la notion de page pour gagner celle de texte. La Garamond sera plus grande. Je fais sauter les chiffres romains qui comptent les textes et les folios. Je ne me sens pas de changer la typo ; c’est dans cette typo qu’Emmanuel pense ce qu’il écrit.
Les tableaux prévus seront un peu plus grands : 152 x 76 cm. au lieu de 121 x 50 cm. Je ferai un essai au format de mes statues 206 x 100 cm.

— Un texte dans un tableau c’est d’abord un texte avant d’être une image.
Sous la figure, dans cet espace « socle », s’il est court, il sera compris comme une légende.

— La fiche technique des 5 premiers tableaux :
série : statues
titre : I, II, III, etc.
photographie numérique (ou argentique) d’Emmanuel Hocquard (si c’est le cas) recadrée par A.D.
texte Emmanuel Hocquard. Page du livre Méditations photographiques sur l’idée simple de nudité. Éd. P.O.L, 2010
peinture et montage : Alexandre Delay
121 x 50 cm. 2011
Impression numérique, peinture à l’huile et contreplaqué


Mars 2011


— Au téléphone, Maya me parlait avec de la musique en fond sonore. Moi-même, j’en avais une autre en fond. Donc, une dans chaque oreille ; elles se mélangeaient au milieu de la tête.

— réécrire quelques textes d’E. en capitales Garamond.

— Les Grâces.

— La photographie.

— Le photographe.

— Téléphoner à NOFRANCE pour savoir si mes panneaux sont découpés.

— Refaire le dossier « imprimerie » avec la nouvelle image du texte en capitales. Revoir aussi la densité de l’image du contreplaqué.

— M’occuper de la mise à jour de mon site Internet.

— Retoucher le sexe de la statue - 4 -

— Préparer la mise à jour du site, ce n’est pas simple. Retrouver toutes les images, les prévoir dans les bonnes rubriques, les mettre aux bonnes dimensions, les légendes complètes, les dimensions des tableaux, les textes, les problèmes de rédaction, d’orthographe, etc. Souvent il y a des corrections à faire sur les précédentes mises à jour ou des changements d’idées. J’envoie toutes ces informations à Sylvain, par courrier électronique, c’est lui qui les mettra en ligne. Et pour cela, il faut qu’il comprenne mes intentions. Avec Sylvain tout se passe bien.

— J’irai, après-demain, chercher mes 6 panneaux chez l’imprimeur.

— Mon ordinateur est en train de rendre l’âme ; il doit avoir une quinzaine d’années. Il fait un bruit d’usine à gaz ; j’en peux plus. J’en ai commandé un nouveau ; je l’attends dans les 10 jours.

— 2 x 3 Pitosporum
10 hydrangea
2 x 4,5 kg de graines de tournesol
4 sacs de terre de bruyère
terre pour les cactées
terre de rempotage
vasque d’une cinquantaine de cm de diamètre

— le drapé dont est « dévêtue » la baigneuse dite de Valpinçon agit comme un dévoreur du corps.

— J’ai un nouvel ordinateur magnifique.


Avril 2011


— Voyage de 4 jours à Paris : vu l’expo Lucas Cranach l’Ancien au musée du Luxembourg ; quelques très beaux tableaux mais un public exécrable. Des couples de vieux avec leurs audios-guides, à fond pour que tout le monde en profite. Ils étaient tous à 3 mètres devant un tableau de 30 sur 30cm.
A drawing now, un salon de dessins contemporains comme son nom l’indique en anglais parce qu’on n’est pas en Pologne et l’écrire en polonais, personne n’aurait compris. presque rien à voir d’intéressant. Majoritairement un déballage de fantasmes de cul sans vraiment des culs nets, francs, clairs (éclairés)… Moches. Le dessin, c’est la page de la solitude, de l’intime, de l’obsession et de l’hystérie. Des dessins comme des journaux intimes. C’est affreux.
Petit salon, petit commerce, petites commissions et petites affaires.
Beau stand de la galerie Marion Meyer contemporain.
Le lendemain, visité une trentaine de galeries : 2 œuvres magnifiques (pourquoi cela ne suffirait-il pas ?) : Yang Fudong, chez Marian Goodman et Robert Longo, chez Ropac.
Chez la première, 7 photos en noir et blanc de 12O x 180 cm représentant des jeunes filles chinoises en maillot de bain, sourires asiatiques, dans une piscine et une œuvre vidéo — projetée sur 7 écrans côte à côte — 7 plans séquences d’une demie heure environ montrant avec 7 caméras différentes une scène imaginée par le réalisateur dans le seul espace d’une place, dans une ville quelconque.
Chez le second, 3 grandes photographies noir/blanc en plusieurs morceaux tellement elles sont grandes. Une représentait le mur des lamentations à Jérusalem, une autre, un plan dans Saint Pierre de Rome et la troisième, un pèlerinage à la Mecque. Après 10 minutes, quand je me suis rapproché des images, j’ai vu que c’était des dessins au fusain. Des dessins hyperréalistes (copies très fidèles de photographies). A la fois, tu es baisé (pas super bien) et, tu en redemandes (là, c’est malin). Dans un catalogue, tu vois l’atelier avec une dizaine d’assistants qui s’affairent sur plusieurs dessins ; exactement, sans doute, comme dans l’atelier de Cranach l’Ancien, au 16e siècle.

— Je projette le triptyque de statues avec 3 textes des « méditations… » et 3 figures selon le modèle des 3 grâces : une de face, une de profil et la dernière, de dos. La dernière est déjà réalisée : la Baigneuse dite de Valpinçon de Ingres, photographie imprimée en quadri ; les 2 autres pourrait être une ancienne photographie en noir et blanc et une récente, numérique couleur. Une figure assise de dos (la baigneuse), une couchée et une debout. Une jaune doré (la baigneuse), une bleue et une rose. 3 photographies, 3 temps (il y a 25 ans, il y a 1 an et tout à l’heure). 3 femmes (Sabine, Elise et la baigneuse). 3 attitudes, 3 nudités.

— Revoir les images des 2 textes. Les contraster en « nuances de gris » puis les remettre en CMJN, pour les faire imprimer.

— Les 3 nues

— J’attends la réponse d’une femme qui ne serait pas contre le fait de me montrer son derrière ; sur les photos d’elle qu’elle m’a envoyées, son corps me paraît fin et plutôt beau. Sans maquillage, simplement nue, sur la table de l’atelier, elle sera belle. Il faut essayer.
— Outre le triptyque, j’ai projeté 7 plus petits tableaux (76 x 76 cm.) qui ne contiendraient qu’une figure ou fragment de figure. Ni récits, ni statues. 7 tableaux indépendants. J’ai été les chercher dans mes cartons de contacts : photos en noir et blanc prises, certaines d’entre elles, il y a plus de 20 ans avec mon Rollei. L’absence de nouvelles prises de vue m’en fait revisiter d’anciennes. Mettre à jour, un boulot d’archéologue. On dit que les archéologues, lorsqu’ils trouvent quelque chose, l’inventent.
J’invente, donc, mes anciennes photos.

— J’ai récupéré mes panneaux. Et commencé à assembler les 2 grands et fait les châssis de 3 des plus petits.

— Toucher les choses et les gens, c’est difficile. On apprend à toucher comme on apprend à jouer d’un instrument de musique. Les enfants ne savent pas le faire spontanément ; ils abîment ou cassent tout ce qu’ils touchent même si ce n’est pas leur intention.
Il y a la peinture qui touche le dessin ou le contraire. C’est ici que le tableau se joue.

— Dans le petit tableau où Sabine est debout, ses mains à plat sur les hanches, le visage me gène un peu. Il personnalise trop le corps ; il l’habille en quelque sorte. Refaire l’image en la cadrant à la hauteur de la bouche. Et voir.

— Le triptyque n’est pas fini et, déjà, il y a quelque chose qui cloche. L’idée de la symétrie des textes avec « ÊTRE NUE » au centre met les images en porte-à-faux et leur confère un rôle ; le tableau de gauche interviendrait comme l’embrayeur du récit quand celui de droite serait l’élucidation de l’énigme.
Je préfère une nouvelle organisation : les 2 tableaux prévus aux extrémités seraient collés l’un à l’autre tandis que le dernier serait décalé sur la droite d’environ 80 cm.
Commencer par LA NUDITE EST SURPRISE… puis LA NUDITE EST UNE DISPOSITION DE SURFACE… et finir par ÊTRE NUE.

— Le triptyque s’appellera sans doute la nudité est une disposition de surface


Mai 2011


— Derrière le nom de la série FIGURES SIMPLES, je nommerai les petits tableaux par le prénom du modèle et la date à laquelle je l’ai achevé.
Catherine, le 20 avril 2011

Aurore, le 24 avril 2011
Cal., le 28 avril 2011
Sabine, le 2 mai
Alvina, le 6 mai 2011
Cal., le 8 mai 2011
Sabine, le 23 mai 2011

— Préparer quelques catalogues pour Amélie.

— Je prépare 5 panneaux de 76 x 76 cm. Les fichiers sont prêts. J’irai les apporter chez l’imprimeur demain.

— Il y a une exposition importante de Manet au Grand-Palais, à Paris. Manet est mort à 51 ans sans doute usé par les critiques (qui n’ont pas cessé de dénigrer sa peinture) et les gardiens de l’Institution.
Aujourd’hui, les artistes Français ne comptent pas beaucoup ; le marché est mondialisé. Une centaine d’artistes dans le monde, peut-être un peu plus, se retrouvent dans les grandes expositions internationales ; les critiques parlent d’eux en termes élogieux. Pour les autres artistes, personne ne dit grand chose ; même pas du mal.
Lorsque 20 ans après une grande expo internationale, par exemple, on ouvre son catalogue, 90% des artistes importants à l’époque ont disparu de la circulation. Même leur nom ne nous dit plus rien.
Et le nôtre ; peut-il disparaître alors qu’il n’est même pas apparu ?

— Alvina, le 24 mai 2011
Aurore, le 25 mai 2011
Aurore, le 26 mai 2011


Juin 2011


— Retour de Limoges et du Lac de Vassivière : belles expos de Franck Eon au FRAC Limousin et de Bethan Huws au centre d’art contemporain de l’île de Vassivière. Temps hivernal un 1er juin. Vent du nord, temps couvert, moins de 10° de température. Sur le plateau de mille vaches, vers 700 à 800 mètres d’altitude, elles paissent tranquillement. Pays magnifique.
Retour en Aquitaine, 3 heures de route, soleil, 23°, petit vent du nord.

— Déprime.
Aucun projet de peinture. Je galère avec mes modèles. Qu’est-ce que je vais bien faire cet été ? J’ai un petit mois pour préparer tout ça.
11h30, commence par te servir un petit verre de blanc. Après, on verra bien.
Difficile de se faire découper des panneaux à l’avance sans savoir ce qu’on va en faire.

— Je vais revoir les photos faites avec Alvina lors de notre dernière séance et imaginer des séquences de plusieurs tableaux dont les prises de vue se suivent. Je pense à des tableaux, un peu plus petits, 50 x 50 cm. (j’en ai une quarantaine découpés pour un projet qui n’a jamais vu le jour.), et aller vers des séquences de 7 à 10 tableaux.

— J’ai réalisé une maquette de l’idée ci-dessus : 5 séries de 2, 3, 4 et 11 photos. Les images de chaque série forment un seul tableau. Les tableaux peuvent se présenter les uns à côté des autres sur une longue ligne. Ils pourraient être séparés les uns des autres par un tableau « plan de coupe ». J’ai imaginé utiliser les photos que j’avais prises des antéfixes en terre cuite situés sur le faîte du toit d’un hangar voisin. Chaque tableau serait une séquence séparée par un plan de coupe.
Si l’idée me paraît bonne, la maquette, elle, ne me convainc pas. Cet ensemble de photos prises il y a 1 an (le 4 juin 2010) est usé. J’en ai tiré tout le travail d’une année : une cinquantaine de tableaux. Il faut passer à une autre séance de prises de vue. J’ai rendez-vous chez Alvina dans quelques jours.

— Rendez-vous reporté.

— Voir côte à côte les 2 tableaux représentants Sabine cadrée différemment.

— Je vais faire plusieurs expos dans mon atelier. Les installer, les écrire, les commenter et les photographier.


Juillet 2011


Voyage en Égypte, 10 jours : le Caire, Louxor, Assouan et Abou-Simbel.
Sur chaque site, le guide nous disait c’est ici ou là-bas, le meilleur endroit pour prendre une photo.

La « lecture » des images se faisait de haut en bas, jamais de bas en haut ; de droite à gauche comme de gauche à droite (cela dépendait  du  quel côté regardaient les personnages). À Karnak, le temple construit sur plus de 400 ans ; aucune évolution architecturale. De grandes colonnes verticales ; dessus des pierres horizontales. Des murs très épais, plus larges en bas qu’en haut.


Août 2011


Une femme au corps de statue, aux cheveux blond pâle, avec des lunettes de soleil, une jupe courte et un corsage moulant, fumait une cigarette devant la portière côté passager.

- Les petits tableaux sont comme un répertoire de gestes et d’attitudes. Les mains ont beaucoup d’importance ; c’est autour d’elles que le corps trouve sa place.

- La peinture est toujours nette ; les «objets » représentés, jamais.

- Tim et moi avons emballé un grand tableau (105 x 300 cm.) avec plusieurs couches de film transparent et 2 liteaux pour l’attacher à la galerie de la voiture et pour faire 600 km.

- Nous passons quelques jours, ici à Bouliac, avec l’ami Emmanuel. 

- Eu la visite de Jean-François D. à l’atelier. Heureuse fin d’après-midi.

- J’ai montré mes derniers tableaux (les statues) à Emmanuel et Jean-François. Par leur regard, j’ai découvert des choses que je n’avais pas encore vues ni comprises. Un tableau trouve tout son sens dans le regard bienveillant et intelligent des autres. C’est l’une des 2 nécessités de l’exposition. La seconde est économique.

- 10 statues : elles décrivent l’ensemble du processus du travail.
Au sujet des « socles » (ce sont eux qui donnent les titres), dans le désordre :
-l’atelier
-la peinture
-le blanc
-le texte
-la table
-le tabouret
-le photographe
-le modèle
-le nu (Ève)
-le contreplaqué
-l’image du contreplaqué
reste à faire une dernière : -le blanc.
Au sujet des figures :
-photos n/b
-photos couleur
-la reproduction
-la référence
-le montage

- Emballer le tableau pour Philippe.


Octobre 2011


— Alvina, le 10 octobre 2011
Alvina, le 11 octobre 2011-10-06
Alvina, le 13 octobre 2011

— Au sujet des 3 colonnes prévues, 3(300x 50 cm.), 2 sont en chantier.

— Souvenirs d’Égypte.

- Sur son lit de mort, mon ami Jean-Luc m’a confié la réalisation de sa pierre tombale avec son désir qu’il ne soit écrit que son patronyme (sans son prénom), les dates de l’année de sa naissance et celle de sa mort ; le tout, gravé en Garamond sur un bloc de gré de 50 x 50 cm. d’une épaisseur de vingt cm.
Comme la tête de la tombe s’appuie contre un des murs du cimetière, le bloc sera simplement adossé au mur, sans fondation. Son verso sera donc invisible.
J’ai envie de sertir sur cette face cachée un petit carré de porcelaine émaillée d’une vingtaine de cm. de côté reproduisant une peinture de la série des Vénus des habitudes : décoration (3).
  Cette image cachée sera comme un secret entre mon ami et moi. 

- J’ai fini la statue (le blanc). Elle sera vraisemblablement la dernière de cette série.


Novembre 2011


— Le blanc « statue » : revoir la densité du blanc autour de la figure : un dégradé vers la gauche et la droite. Et refaire une repro.

— Reprendre le dessin du creux de l’épaule droite du torse.

— Reprendre l’avant bras droite de la 2e figure.

— Ne pas oublier de prendre avec moi pour le séminaire un Hier, des montages originaux des caryatides, des cartes postales peintes et…

— Réfléchir à des projets de statues à l’envers (?).

— Il y a un pli entre le socle et la figure.

— La table, le cul. (À propos du triptyque La table)

— La dernière séance de pose avec Maylis (après 4 ou 5 ans sans nous voir) n’a pas été satisfaisante.
J’ai envie de montrer cela.

— Imaginer des colonnes comme système narratif est antérieur à cette séance. Sans doute un prolongement à mes statues. 
Je pensais à Trajan, aux colonnes de hiéroglyphes ornant les murs des tombeaux dans l’Égypte ancienne, aux chinois…

— Finir la 3e colonne. Trouver des titres. Faire des repros.

— Faire le projet d’une 4e colonne ; soit avec des photos de Maylis de la séance du 22 août, soit dans mes archives.

— Le blanc « statue » : est encore à reprendre dans l’intensité des fonds.

— Une colonne ressemble à un poème.

— Titres possibles : Série Colonnes : Maylis le 22 août 2011 (1)
Colonnes: Maylis le 22 août 2011 (2)
Colonnes: Maylis le 22 août 2011 (3)

— Tubes de jaune, rouge. 2 grands tubes de blanc
pinceaux n° 6 (3), n°8 (2), 20, 24
nettoyant bio
vernis mat
gesso blanc

— J’aimerais que chacun de mes tableaux ait la qualité de l’évidence.

— Une 4e et une 5e colonne sont en préparation. Mêmes dimensions et même banque d’images.  Colonnes: Maylis le 22 août 2011 (4) Colonnes: Maylis le 22 août 2011 (5)

— Il n’y a pas d’équivalence entre le volume des feuilles vertes dans un arbre ou celui des feuilles mortes, dans l’herbe, sous le même arbre.

— Je ne suis pas content des titres donnés aux colonnes. 
Je résume : Une séance de pose pas satisfaisante et j’ai envie de montrer ça. Voilà le projet.
Résultat : 5 colonnes de 300 x 50 cm. 
Quel titre pour cette série qui contiendrait l’intention ?
Une séance de pose foireuse.
Une séance de pose sans intérêt.   
Prenons, par exemple, 1 arbre quelconque sans intérêt dans un paysage sans intérêt. Sa seule qualité étant d’être là, simplement, dans ton regard. Est-ce que cela suffit ? Certainement.

— Si chacune des 5 colonnes est autonome, elles peuvent être assemblées, collées l’une à l’autre par 2, 3, 4 ou 5. Ou pas.


Décembre 2011


— Commander mon whisky.

— Projet de 8 figures simples.

— Je réfléchis à une nouvelle série de tableaux qui mettraient en jeu un visage, comme un portrait, et un fragment de corps nu sans visage ; 2 panneaux assemblés l’un au dessus de l’autre comme dans la série des statues. Le portrait serait sur le panneau supérieur. Pour chaque tableau, il ne s’agirait pas d’un même modèle, visage et corps. 

— Attribuer le corps ; déshabiller le visage.

— Dans la statuaire gréco-romaine, certaines statues avaient des têtes amovibles, interchangeables. 

— Pour la publicité de ses sous-vêtements, M&M habille de soutiens gorges et de petites culottes des corps de synthèse générés par ordinateur et place sur leurs épaules des visages de vraies femmes.

— Retoucher le haut de la cuisse et la hanche.

— Huile de lin, 1l.,
térébenthine, 1l., 
tube de terre de pouzzoles,
tube de bleu outremer,
nettoyant écologique, 1l.,
petites boîtes pour encadrer les cartes postales, carton gris épais. 


Avril 2012


Je baiserais bien votre femme mais elle a les cheveux trop longs.

— Pour un public d’amateur comme de spécialistes, mon travail suscite, à la fois, un réel accord, je le sens, et un tout aussi réel désaccord, je le constate.

— Grâce à mon ami Philippe Fangeaux, j’ai découvert le site Internet Blurb chez qui nous pouvons faire imprimer et façonner, à l’exemplaire, nos livres ou catalogues réalisés avec leur soutien technique et logistique.
Chez eux, j’ai commencé un projet qui me tient à cœur depuis plusieurs années, à savoir : le catalogue raisonné de mes 780 cartes postales peintes que j’appelle « Figures peintes» (voir la rubrique PEINTURES « Figures peintes » depuis 2002). Pour l’instant 2 tomes de 240 pages chacun sont réalisés. Un 3e est en chantier et un 4e s’imposera. J’ai écrit l’introduction du premier, Pierre-Lin Renié, la préface du deuxième, Emmanuel Hocquart prépare celle du troisième. Traduction en anglais par Patricia Chen.
J’ai fait aussi 2 dossiers qui reproduisent les tableaux de 2 séries : Statues / objets d’atelier qui est un sous-ensemble de la série des Statues peintes ( 28 p.) et Le mur & son récit, polyptyques (92 p.).

— Un autre sous-ensemble de cette série des Statues peintes : je le nomme Statues/corps dévisagés (voir les notes de décembre 2011). Je ferai des nouveaux tableaux chaque fois que j’aurai un nouveau modèle.

— Revoir les yeux d’Alvina et de Delphine

— Écrire à Fabien pour lui demander de m’envoyer des photos de notre exposition de St-Loubès.

— Les couleurs de la peau.

— Dans ma dernière commande d’impression numérique, 2 panneaux avaient des défauts de surface que la préparation (gesso + ponçage) n’avait pas complètement éliminés.
Ces défauts, encore visibles une fois le tableau terminé, le dévalorisent-ils ou produisent-ils une marque d’originalité positive ?

— Commander chez NOFRANCE 6 panneaux de 103 x 100 cm. et 8 de 75,8 x 75,8 cm.

— Essayer avec Lani des poses mémorisées et imaginer des attitudes de danses classique et contemporaine.

— Quand on montre des peintures faites par des enfants, on dit Pierre 9 ans ou Martine 7 ans. Quand c’est moi qui les fais pourquoi ne dit-on pas Alexandre 71 ans ?

— Je ne peints pas des femmes nues mais bien l’air qui est autour.


Été 2012


— Où est le récit ?

— Les bords de la photo se superposent toujours aux bords du tableau.

— Dans mon travail, il n’y a ni plein ni vide.

— Faire des étiquettes pour les dernières « Figures simples » et les « Corps dévisagés ».

— Les photographies que je fais de mes modèles sont des photographies en peinture, pas des photographies en photographie.

— Envisager de faire des portraits… oui, mais comment ?

— Le nu (en peinture) est un « standard ».

— Orienter les projets-porcelaine vers la sculpture. 

— L’entre, c’est instable, intenable.

— Je commence un nouvel ensemble qui pourrait s’appeler Deux. Une seule image montrant entièrement ou partiellement 2 personnes. Les 3 premiers tableaux mesurent 103 x 100 cm. Élise (avec accent) et Maëlle en sont les modèles.

— Chaque photo, peinture, etc.  est une invention du monde.

— Avant qu’une photo soit faite, elle n’existe pas.

— Développer la notion d’évidence.

— Se mettre à table.

— Faire 2 « blurb » avec Les caryatides et les Libé. Et un troisième avec les contacts peints.

— Mettre à jour les fiches.

— Prévoir et envoyer à Sylvain une nouvelle mise à jour du site.

— Réfléchir à une nouvelle page d’accueil avec une nouvelle préface.

— Les 5 dernières peintures ont été réalisées sur des photos qu’Emmanuel H. a prises de Elise (sans accent) à Bouliac, le 20 juillet 2012.

— Je n’ai aucune connivence avec le tissu.

— Reprendre le dessin de la fesse droite et du buste gauche.

— Mes tableaux ne sont pas engagés à reculons en empruntant des formes ou des critères passés. Il faut les comprendre à la lumière de ceux d’aujourd’hui comme des citations. Je ne dis pas copie. (Comme Maillol par rapport aux anciens ; comme moi par rapport à Maillol par rapport aux anciens.)

— La présence de la photographie dans la peinture impose un regard double : celui d’une peinture italique dans une image d’aujourd’hui.

— Ce matin, j’ai planté un rhododendron à la place d’un très jeune marronnier foutu, un camélia à la place d’un escalonia que j’ai déplacé à l’orée de ma palmeraie de 13 palmiers de Mérilheu.

— Je collecte quelques images dans Libé pour en faire des grands  tableaux. Pour l’instant, je ne sais pas encore comment je vais m’y prendre, par rapport au format (le rapport d’agrandissement mais aussi la modification ou pas du rectangle de l’image choisie), aux légendes, etc.

— Voir le monde en peintre. Voir les images du monde en peintre.


Automne 2012


— J’ai fait 6 tableaux avec les images de Libé. Comment nommer cette nouvelle série et les tableaux ? 

— Mis le point final au livre, Le retour des lucioles (diptyques) avec le système Blurb.
Ce livre avait été créé en 2003 avec Emmanuel pour Paul de chez P.O.L. Il n’avait jamais été publié. Paul trouvait la maquette compliquée, son assistante responsable de ce projet venait de le quitter et sa trésorerie était limite. Paul est un éditeur de littérature, principalement, et les livres avec des images l’inquiètent.
Nous avons fait, Emmanuel et moi, avec l’aide technique d’un ami un DVD qui est consultable, depuis, sur le site.
Maintenant que je connais les possibilités d’autoédition avec Blurb, j’ai ressorti le projet. Nous avons modifié la maquette pour qu’elle puisse entrer dans les exigences techniques de Blurb. Emmanuel a repris certaines choses du texte, j’ai repris les images pour qu’elles ne soient pas gênées dans le plis central.
Voilà, le livre est fait, je l’attends d’un jour à l’autre. Pour pouvoir le voir en le feuilletant réellement.

— Texte 17 (droit) du retour des lucioles E. écrit : « Nu anonyme, non daté. C’est un récit. » Je pense au titre de la nouvelle série qui pourrait être anonymes, non datés (en italique) et, sans titre (en romain), celui des tableaux.

— J’ai gardé les images dans leurs proportions ; agrandissant les plus grandes jusqu’à 153cm, largeur des feuilles de contreplaqué. Uniformiser un peu les formats me permet de les stocker plus facilement.

— Reprendre le dessin des pilotes.

— Revenons à « Figure ».
Figure : objet idéal de la géométrie. Le point, la ligne, la surface, le volume… sont des figures.

— Faire son travail d’artiste dans le système ou malgré le système. Pour moi, il n’y a pas de doute : c’est malgré.

— Revoir les yeux de la jeune fille condamnée à mort.


Hiver 2012-2013


— Sylvain, excuse du dérangement mais j'aimerais savoir si je t'envoie des PDF en basse définition, comme celui-ci, est-ce que tu peux les mettre dans le site ? Avec un agrandissement significatif pour qu'on puisse lire les infos contenues. Ou s’il faut une meilleure définition, ce que je peux faire (mais c'est plus lourd et ça passe plus lentement).

— Je fais une peinture figurative très abstraite.

— Je recherche un geste pictural simple sur des images ordinaires pour essayer de mieux les comprendre.

— Peut-on dire que le nu soit, dans les arts plastiques, un genre comme le paysage, le portrait, etc. ? Ce genre, si c’en est un, serait-il toujours efficient, aujourd’hui ?
À travers les époques et les nombreux courants artistiques, même si les corps des gens n’ont pas changé, c’est le regard que ces sociétés ont eu sur la nudité qui a changé ; donc sa représentation. Avec les nouveaux outils et connaissances qui nous permettent de voir différemment. Pas mieux mais autrement.

— Revoir le dessin du cul d’Alvina.


Printemps 2013


Après l’inauguration de l’exposition à la galerie Numaga (le 13 avril) Nicole Gonet , sa Directrice, m’envoie :  « Tu as dit une fois, que tes centres d'intérêt étaient : les femmes   nues, la peinture, la gravure et  la photographie.
Et que tu les réunissais dans ton travail actuel. Pourrais-tu me préciser comment tu retrouves la gravure ? 
Il m'a semblé que tu évoquais le numérique dans le processus qui consiste à retravailler certaines photos et a les imprimer.
Ai-je bien entendu ? »
Je réponds :
quant aux sujets de mon travail, bien sûr, on pense aux femmes nues mais c'est sans comprendre tout à fait le rôle du blanc/peinture qui les dé-contexte ou re-contexte et fait apparaître, met en avant la notion de nudité-même. Cette nudité qui est une abstraction, une figure (au sens des figures géométriques : point, ligne, surface… des notions qui n'existent que théoriquement) . La nudité n’appartient pas exclusivement qu’au corps d’une femmes ou à celle d’un homme. La figure, chez moi féminine la plus part du temps (par affection), est immergée dans ce qui la dessine, révèle : la peinture blanche peinte avec un pinceau. Ce n’est plus le corps d’un modèle seulement déshabillé dans l’atelier d’un peintre (le modèle nu dans l’atelier reste habillé par sa fonction de modèle que lui renverrai l’atelier, visible autour de lui). Mais il est déshabitué de sa fonction, de son contexte réels. C’est ce que je mets en œuvre pour faire monter l’idée de la nudité davantage que celle de la femme nue.
Dans mon site, à la rubrique dictionnaire des notions, à la sous rubrique Blanc/monochrome, je parle un peu du blanc en laissant penser que je suis plus proche de Malévitch que de Ryman, par exemple. 

(Dans la série des figures simples, le fait que je titre les tableaux du prénom du modèle et de la date de l’achèvement du tableau est sans doute une maladresse qui renvoie la figure à la personnalité des différentes filles et qui crée, ainsi, une mollesse-dans-le-concept-de-nudité. Il faut que je réfléchisse encore. La date d’achèvement du tableau pourrait suffire à les nommer.)

Pour ce qui est de mon intérêt pour la gravure, je pense aux « figures peintes » sur des cartes postales qui sont reproduites dans les 3 tomes (le quatrième et dernier, pour l’instant, est en préparation) des « figures peintes » (librairie Blurb). L’impression des cartes, c’est de la gravure industrielle et elle prend tout son sens, révélée par la peinture artisanale. Le livre « Libé » miniatures peintes, aussi. Dans la préface j’écris    […] leur forte plasticité due à la couleur du papier, à la résolution particulière de l’image imprimée et à la peinture leur donne un nouveau statut : celui d’une miniature contemporaine gravée et peinte.  
Et il y a ma dernière série,  en cours, images anonymes, non datées où toutes les peintures s’appellent sans titre où j’agrandis très fortement l’image du journal et sa trame d’image gravée industriellement.

Le bout de la phrase de L. Chauvy au sujet de mon travail: Ce fond blanc, qui nous cache tout un monde,… comme les habitudes, ou simplement les habits, même étymologie, cachent toute la nudité du monde qui est, comme disait le poète, sans retour comme tous les matins.

Mon entreprise est vouée à l’échec si ce n’est l’intérêt des moyens que je mets en œuvre pour essayer d’arriver à quelque chose d’impossible. Ces moyens, peinture, photographie, gravure industrielle et « femmes nues » ; mais ces « femmes nues » resteront toujours des femmes nues. J’en suis peut-être, d’une certaine manière, bien content. Un jour on parlera peut-être de la mauvaise foi de l’artiste.


Automne - hiver 2013-2014


— J’entends par série un ensemble de tableaux qui, avec des moyens semblables, ont un sens en commun.

— Je suis complètement en panne. Pensée, peinture etc.

— Je suis très content d’avoir arrêté de peindre durant 15 jours à cause d’un voyage aux États Unis d’Amérique.  

— Voir son propre visage sur une photographie, c’est un peu comme entendre sa voix enregistrée.  

— La peinture est là pour ralentir la photo.

— Une photo floue est plus lente qu’une photo nette. De dire qu’elle est plus rapide, c’est juste aussi.

— Peindre sur une photo c’est modifier sa vitesse.

— Un signal clair,
du bout des doigts, 
un buste nu,
regarde là, 
un visage nu,

— Reçu de Vincent Dussol sa traduction en français de LA GAMBADE de Ray DiPalma aux Éditions Grèges.
Quand je lis la poésie de Ray, je ne comprends pas grand-chose mais je peux tout de même dire que je l’aime (sa poésie).

— Peut-on dire d’un tableau qu’on le comprend ? un film ? mon dernier tableau ?

— Dans le catalogue Félix Vallotton - le feu sous la glace – (expo au Grand Palais 2013) sont, entre autres, reproduits 2 tableaux : 1) Le haut-de-forme, intérieur, 1887, 32,7 x 24,8 cm. représente une porte entrouverte sur un couloir avec une porte fermée. Et 2) Intérieur avec femme en rouge de dos, 1903, 93 x 71 cm. : une double porte largement entrouverte sur une petite pièce qui a une porte ouverte sur une autre pièce ouverte, elle-même, sur une chambre à coucher.
Histoire du regard au travers des portes entrouvertes. Je vais essayer de faire un tableau qui représenterait une porte entrouverte sur l’atelier. La peinture blanche ne remplirait que l’espace de l’atelier.

« Dames et
Dragues
Une fenêtre est
Générosité
Une porte mesure le mur » 

— Dans la série des « monostiches », il y a 2 articulations : celle du corps ou d’un détail, coude, cheville, poignet, etc. puis celle du support, la trace physique de l’assemblage des 2 panneaux de contreplaqué carrés de mêmes dimensions.  

— Ce tableau de la série des Images anonymes non datées montre, au 1e plan à gauche, en plan américain, un soldat de profil en uniforme treillis, mitrailleuse en mains, puis, au 2e plan, une femme, de dos, en pied, short jaune et soutien-gorge noir, qui semble observer, au 3e plan, 2 enfants en short, torses nus. Outre le fait que ces 4 figures racontent les histoires que chaque spectateur voudra bien imaginer, elles « mesurent » aussi les dimensions du tableau. La hauteur avec le soldat, la largeur par son regard et la profondeur représentée : le regard de la femme sur les enfants.  

— À poil.

— J’ai entendu à la radio un critique d’art évoquer les tableaux de Félix Vallotton. Il ne parlait que de leurs sujets avec des mots comme sublime, génial, inimaginable, … il y est même allé d’un petit poème que lui avait inspiré l’un d’eux, du genre :
« L’enfant gambadait dans la lumière
À la poursuite d’un ballon rouge,
De son destin. »

(« Le ballon » 1899
huile sur carton marouflé sur bois
46 x 61 cm.
Paris, Musée d’Orsay)

— Articulations. C’est le nouveau titre de la série en remplacement de « Monostiches ».

— Les 2 mains contiennent. L’air.
Le sein droit. Puis le gauche.
Un visage nu. Les yeux.
Du bout des doigts. La cheville.
Là. Regarde.
Les 2 mains. Côte à côte.
L’Égyptienne. Copie.
Un bras droit plié. Et nu.
Les hanches. Légèrement obliques.
La main. Le bras jusqu’à l’épaule.
Jeu. Petite victoire. 
Une jeune fille de dos. Assise.
La main droite. Entre les jambes.
Sur le pubis. Les 2 mains.
La jeune fille nue cadrée. Et le dossier de la chaise.
L’Étrusque. Copie approximative.
Avec les mains. Un signe.
À l’adresse. Le peintre.

— Je ne sais pas pourquoi je préfère certains de mes tableaux à d’autres. Ce doit être pour de mauvaises raisons.

— Peut-être pas si mauvaises que ça.
Si les concepts sont les mêmes, assez clairs, la dimension affective donc perceptuelle qui me lie à chacun est sans doute un peu différente pour des raisons pas toujours faciles à analyser. 
Je crois que le meilleur des spectateurs a bien cette double émotion : perceptuelle et conceptuelle. La première qu’il ne comprend pas, nécessairement, très bien, la seconde qu’il comprend mieux.  

— Suis-je un bon spectateur de mes tableaux ?

— Mon fils Léon dit que les tableaux de la série des Articulations lui font penser à une installation vidéo avec de 2 moniteurs côte à côte.

— J’écrivais, plus haut, l’anecdote d’un critique devant les sujets des tableaux de Vallotton.
J’ai sous les yeux un mot archiconnu de Zola devant les tableaux de Manet.
Le sujet, chez lui, « c’est un prétexte à peindre, tandis que pour la foule, le sujet seul existe ».  

— Je n’arrive toujours pas à comprendre les tableaux de la série des Articulations même si j’aime ce mot générique. Je pense qu’il est bien la clef de la compréhension du concept. 
Cette dernière pensée suffit peut-être à donner le sens manquant.  

— Nous rentrons, M. et moi de Suisse où nous avons incinéré notre ami artiste Jean Otth. Il allait avoir 73 ans ; une exposition à caractère rétrospectif magnifique, au Mamco de Genève, ce printemps, venait de lui être consacrée.  
Énorme tristesse.

— Assise nue. À Rome.
Les jambes. L’air.
Le bras plié. Les seins sont cachés.
Le repos. Ou le sommeil.
Par terre. Assise sur un talon.
Figure entière. Le pli.
Une jambe en avant. L’autre derrière.
Équilibre instable. Sans le socle.
Figure partielle. De face.
Douce. Caresse. 
Une main à plat. Sur le ventre.  

— Le soir, vers 18 h. je me sers un scotch et regarde le travail de la journée. Certains soirs, je ressens une euphorie positive. D’autres, non.

— Je rame.

— J’attends mon voisin, le caviste. Il doit me livrer 5 litres de whisky Loch Lomond blended — en bag-in-box — dont se délectait Milou, le chien de Tintin, dans L’Île noire.  

— Il faut tellement de temps pour un artiste de s’habituer à son travail. Voir le mien comme si ce n’était pas moi qui l’avais fait. Ce moi est exclusif, ce qui n’est pas juste. Aucun peintre ne tient son pinceau seul.

— Téléphoner à PANOFRANCE (l’enseigne a été réparée ; les 2 premières lettres, tombées, il y a longtemps, ont été remises à leur place) pour savoir si mes 24 panneaux ont été découpés. En préparation 11 tableaux de la série des Articulations (22 panneaux de 75,8 x 75,8 cm.).  

— Je vais appeler Aurore, une amie de Patricia Chen qui accepterait de poser nue pour moi… et j’attends un coup de fil d’une autre de ses étudiantes qui se réjouirait de le faire aussi.  

— Propos tenu par Gao Xingjian (prix Nobel de littérature 2000 et peintre) recueillis par Claire Devarrieux dans Libé du 5 décembre 2013 :
« Qu’est-ce qu’un acteur quand il n’y a plus de décor ? »
« Comment retrouver le sens de l’humain dans la peinture ? »

« — À titre d’assurance ?
— D’assurance, de souvenirs, d’archives. Je vous laisse le choix des mots. »

— Il m’arrive de faire un tableau un peu différent des autres — qui soulève de nouvelles questions — à partir d’une idée vague « en images ». Cette nouvelle proposition peut devenir le début d’une série. 

— Poncer les accidents d’impression avant de commencer à peindre.

— La terre de pouzzoles est très rouge ; mettre un peu de vert pour la rendre plus grise.

— Quand tu promènes ton regard sur la ligne de contours d’une figure, ce que tu vois, c’est un dessin.

— Changer l’ampoule du spot de dehors, côté sud.

— Pour ce soir, j’y trouve mon compte. Je verrai demain matin.

— Quant à « Assise nue. À Rome. », le tableau n’est pas encore « fini ».

— Aujourd’hui, oui : « Assise nue. À Rome. » et « Les jambes. L’air. » sont « finis ». La peinture est très calme avec une belle intensité. 
Dans le premier tableau, nous avons deux types de blanc différents : celui du support préparé au Gesso puis poncé (le fond du tableau) et celui de la peinture à l’huile (le fond de la figure). Un peu la même distinction que dans le carré blanc sur fond blanc de Malévitch. (Voir dans la rubrique DICTIONNAIRE DES NOTIONS à l’entrée BLANC / MONOCHROME).

— Il m’arrive souvent de retravailler avec d’anciennes photographies en noir et blanc que j’ai déjà utilisées dans d’anciens tableaux. Il s’agirait de réinterprétation ou, métaphoriquement, de délocalisation des anciennes photographies.

Statuette : petite statue de 20 à 80 cm. En dessous, on parle de figurine, au dessus, de statue. (D’après le Petit Larousse).

— Au sujet des Articulations, M. évoque l’idée de faux raccord, de déchirure.

— Projet : Une nouvelle série qui pourrait s’appeler statuettes. Les figures ou fragments de figures ne dépasseraient pas 76 cm et le « socle » — le panneau inférieur — autant. Le socle est un aplat de couleur vive, chaque tableau s’appellerait du nom de la couleur : bleu, jaune, vert, rouge, etc.

— Petite figure nue. Couchée sommeil.

— J’ai sorti de la série des Articulations 4 tableaux que je vais détruire : 
Du bout des doigts. La cheville. 
Les 2 mains. Côte à côte.
Avec les mains. Un signe.
Par terre. Assise sur un talon.

— Toujours dans la série des Statuettes, un sous ensemble dont les socles seraient les repros de quelques cartes postales que j’ai peintes. Ainsi, le blanc reproduit sur le panneau inférieur voisinerait le  blanc peint à l’huile sur le panneau supérieur.

— 3 statuettes sont en bonne voie. Encore un dernier glacis sur les fonds blancs.

—  Le blanc jusqu’à 50 % de réduction et 30 euros offerts.  

—  La nudité d’un tableau, c’est non seulement enlever le cadre mais aussi la ou les figures.  

— La nudité a tout à voire avec le blanc.  

— Changer le dispositif. Par exemple, placer la table contre le mur blanc.  

— Dans les statuettes, socles de couleur, la couleur est une figure.  

— Figure sur socle. Figure sur figure.  

— Statues,
statuettes,
figurines. (Penser à une série de figurines.)  

— Juliette V., en regardant les « Articulations », a pensé à Utamaro, le magnifique graveur japonais d’estampes érotiques du 18-19e siècle. Les scènes qu’il dessinait étaient gravées sur 2 bois distincts pas toujours précisément du même format.   
Dans le livre que j’ai sous les yeux, elles sont montrées côte à côte en respectant un petit espace blanc. Chaque demie scène est entourée d’un mince filet noir. L’auteur n’explique pas la raison de cette césure. Le livre ne montre pas le papier sur lequel sont imprimées les estampes (s’il y avait des marges ou pas). Tant mieux, chaque spectateur, devant ces scènes coupées en deux, peut imaginer ses propres raisons liées ou non aux sujets représentés.  

— Rentrée chez elle après sa vite dans mon atelier, Juliette m’envoie une carte postale dont je recopie le texte, ici.
« Joyce a-t-il raison d’écrire que l’art le plus noble est statique, qu’il est au-delà du désir ? Les arts porno et didactique nous touchent. Ils ne sont pas statiques. Si je pose la photo en couleur d’une partie de peau à côté d’un morceau de toile de mêmes dimensions couvert de peinture dans un ton de chair, est-ce que cela donne une réponse ou, par synthèse, une nouvelle question ?»
John Baldessari, in Notes à moi-même pour des œuvres pas encore crées, 1983  

— Pourquoi je préfère le carré au rectangle (comme format d’une image) ? 
Sans doute, parce qu’il y a une infinité de rectangles ; alors lequel choisir ? Alors que le carré, il n’y en a qu’un.  

—  A propos de mes natures mortes.

D’habitude, les objets sont disposés sur une table, une étagère, etc. Le même point de vue, la même échelle de grandeur, le même éclairage les réunissent. L’ensemble qu’ils forment a cette cohérence.
Dans mes natures mortes, il en va autrement. Il y a, pour chacun des objets, un point de vue, une échelle de grandeur, un éclairage différents. Chaque objet est au centre d’un panneau carré. Le tableau est obtenu par montage (juxtaposition) des différents panneaux qui forment un nouvel ensemble.
Puis chaque objet est détouré à la peinture blanche afin d’effacer le décor environnant. Quand on supprime le décor qui l’a entouré, l’objet n’a plus d’échelle. Cette opération lui donne le statut de figure.  

— Rébus : (de rebus quae geruntur, des choses qui se passent.)  

— Une figure n’a pas de culotte.  

— Dans mes natures mortes, le montage me donne la possibilité de disposer plusieurs fois le même objet — vu d’un même point de vue ou pas — dans le tableau.  

— Danseuse étrusque. Un détail.  


Hiver 2015-2016


— Dans la rubrique NATURES MORTES — VARIATIONS —, je crée une sous rubrique que j’appelle La disparition du paysage
Disons que ce sont toujours des natures mortes mais des natures mortes du dehors.

  — Au travers du blanc, pas derrière ni dessous, existe un paysage que chacun peut imaginer.  

  — Montrer une courge ou une courgette, ce n’est pas montrer une courge ou une courgette ; c’est montrer tout ce qui fait qu’on voit une courge ou une courgette.  

  — Le contexte habille les choses.  

  — J’aimerais chaque jour faire un tableau de moins .   

  — Je suis allé chercher 8 nouveaux panneaux chez l’imprimeur. C’est toujours une émotion de voir ces grandes impressions brutes. A cette étape de la réalisation, le travail est déjà bien avancé : 
photographies
choix du format et découpe des panneaux
« esquisses » au cinquième (pour les natures mortes)
choix des récits
préparation des panneaux
cadrages des photos 
préparation du fichier informatique pour l’imprimeur
impression
assemblage des panneaux sur châssis (montage)
coloriser certaines figures
peindre
faire la boîte américaine et la visser au tableau. (Cadres techniques).   

  — Cette année, en 2015, j’ai dessiné une cinquantaine de copies de tableaux réalisés les années précédentes. Des dessins à la mine de plomb sur des feuilles de papier de 42 x 59,4 cm.  Au sujet de la notion de copie, quelques mots ou réflexions : 
Faux, faussaire
Les trois conseils du peintre chinois à ses disciples pour qu’ils deviennent de grands artistes : 1) imiter les anciens, 2) imiter les anciens et 3) imiter les anciens
Imiter
La copie d’un tableau, en dessin, c’est rester quelques heures voire une journée devant un tableau, ce qui est rare en dehors du projet d’en faire une copie attentive.
Le dessin, dans la pratique de la peinture, est souvent l’esquisse qui la précède comme le scénario, pour le cinéma. Dans le film Passion de J.L.G., son scénario, scénario de Passion, succède au film comme la copie d’un tableau lui succède.
Mimétisme
Traduction
Répétition
Description
Le dessin d’un tableau révèle la « face cachée » de la peinture.   

  — Chaque étape dans l’élaboration d’un tableau — l’idée, les prises de vue, leur réalisation infographique, leur impression sur un support préparé, le montage des différents supports, la peinture elle-même puis sa copie en dessin — est faite dans le projet de la peinture, son intuition, son intention.      

  — Petite expérience. Description.

Dessin au crayon mine de plomb. Papier blanc A2 (42 x 594 mm) 185 gr/m2

La limite du dessin est un carré d’une trentaine de cm de côté dessiné à main levée au milieu de la feuille de papier. C’est à l’intérieur de ce carré qu’est dessinée la figure.

La figure est la moitié inférieure du corps d’une jeune fille nue, gracile, profil gauche. Les pieds touchent le sol, le corps est coupé à la hauteur du pubis. La coupe horizontale est à quelques millimètres du côté supérieur du carré. La jambe gauche est tendue, elle supporte le poids du corps. La droite, légèrement pliée, est néanmoins posée sur le sol. En haut, entre les jambes, un petit grisé dessine la partie inférieure du pubis poilu.

Le dessin suit le contour du corps ; un dessin fin, légèrement nuancé, plus documentaire qu’expressif.

Le titre : (Copie). Aurore, le 26 mai 2011. Le 4 juillet 2015
Signature : mon nom   

    — Dessin au crayon mine de plomb. Papier blanc A2 (42 x 594 mm) 185 gr/m2

La limite du dessin est un rectangle horizontal dessiné à main levée au milieu de la feuille de papier d’environ 25 x 50 cm.
Le figure est placée en son centre ; elle est verticalement coupée en deux moitiés écartées l’une de l’autre de quelques mm.
Elle représente le buste d’une jeune fille nue, vue de face, les bras levés, légèrement pliés, les poings serrés comme pour crier victoire.
Le buste est coupé horizontalement sous les seins. Cette coupe horizontale est séparée du bord inférieur du rectangle de quelques mm.
Un grisé dessine les cheveux, une ombre sous le menton et quelques éléments du visage.

Le dessin suit le contour du corps ; un dessin fin, légèrement nuancé, plus documentaire qu’expressif.

Le titre : Jeu. Petite victoire. (Copie). Le 12 mars 2015.
Signature : mon nom  

  — Dessin au crayon mine de plomb. Papier blanc A2 (42 x 594 mm) 185 gr/m2

La limite du dessin est un rectangle horizontal dessiné à main levée au milieu de la feuille de papier d’environ 25 x 50 cm.
La figure, placée en son centre est verticalement coupée en 2 moitiés écartées l’une de l’autre de quelques mm.
Elle représente une partie du corps d’une jeune fille nue couchée sur le dos, les jambes relevées et pliées ; les pieds posés sur le sol près de ses fesses. On ne voit qu’une partie de son pied droite, le gauche est caché par sa cuisse gauche. La jeune fille est vue de dessus. Le bas de la figure est coupé horizontalement sous ses seins et le haut, sous ses genoux. Les 2 coupes parallèles au rectangle sont séparées de celui-ci de quelques mm. Le bras droite, le long du corps, la main droite enfouie entre ses jambes, cachant le pubis.   

Le dessin suit le contour du corps ; un dessin fin, légèrement nuancé, plus documentaire qu’expressif.

Le titre : La main droite. Entre les jambes. (Copie). Le 19 mars 2015
Signature : mon nom  

  — Ne pas décrire un dessin en particulier mais tous comme s’ils n’étaient qu’un. Ainsi, je ne décrirai pas un dessin mais le dessin.
Poser la fine mine de plomb sur le papier. Cette mine de plomb que j’utilise pour écrire cette phrase. C’est ce même crayon qui dessine ou qui écrit ; d’où cette ressemblance entre dessiner et écrire.
L’outil, le crayon avec sa mine pointue à un bout et sa gomme à l’autre.
La ligne essaye de fixer, de préciser le contour d’un objet ou d’une figure, au début, approximativement pour, dans le temps, à coups de gomme et de repentirs, en préciser l’apparence la plus juste possible et arriver à en avoir fait, en dessin, une description juste et précise.
Cette façon de faire reste visuellement présente dans le travail ; la gomme ne faisant pas disparaître complètement la ligne qu’elle efface. Pour finir par une ligne fine, légèrement nuancée, plus documentaire qu’expressive.    

  — J’ai écrit 3 petits textes descriptifs de 3 dessins (voir plus haut). Une description générale simple et précise — c’est le projet — du dessin vu à la distance à laquelle on regarde un dessin. 
J’ai l’impression que, dans ces trois descriptions, c’est le sujet que je décris, pas le dessin, même si quelques indications en parle comme : Un grisé dessine les cheveux, une ombre sous le menton et quelques éléments du visage. Le dessin suit le contour du corps ; un dessin fin, légèrement nuancé, plus documentaire qu’expressif. 
Pour continuer cette expérience, ne parler que du dessin, sans parler du sujet — jeune fille nue, vue de face, etc. —   

  — C’est l’impossibilité du projet qui m’intéresse. (Il y a des choses dont on ne peut parler, qu’on ne peut d’-écrire mais qu’on peut montrer. Un dessin ?)   

Pour se faire, il faudrait trouver une syntaxe grammaticale plus proche du dessin que de l’écriture habituelle. Sans doute, écrire en même temps que dessiner. S’en foutre de l’incohérence vraisemblable du texte.  

  — À voir. À faire.   

  — Tracer le cadre  / main levée  /  repaires métriques  / tableau 65 x 100 cm.  dessin 32,5 x 50 cm.  / appuis du petit doigt sur l’épaisseur extérieur du bloc  / tracer /  reprendre  retracer  pas tout à fait 8 pas tout à fait 11 / tête dans le creux du bras dernière limite de la figure / le sein 27 - 31,5 /  première esquisse  / toujours l’esquisse  /  le talon   longue ligne du bout du pied à la hanche  / rencontre la main entre les jambes /  nombril 40,5 – 35 / le bras le sein l’épaule / j’efface reprends la ligne du ventre  / le bras replié derrière la tête  / ça marche pas  / j’efface je reprends / ça va mieux /  léger grisé pour les cheveux le côté du visage contre le bras sous le menton  / le visage beaucoup d’hésitations /  je tremble / les traits tremblés / la courbe inférieure plus noire le coup du pied  40,5 – 35 le nombril / descendre jusqu’au pied / des plis mangent le dessin du corps  / renforcer le cadre /  écrire Grande figure peinte souligner (sans titre) (copie) le 5 décembre 2015 / mon nom / dessous /